L’Approche Centrée sur la Personne

L’Approche Centrée sur la Personne

Nous allons maintenant nous pencher sur une méthode de psychothérapie et de relation d’aide apportant au courant de la psychologie humaniste : l’Approche Centrée sur la Personne. Il s’agit d’un cadre théorique crée par Carl Rogers qui a été publié dès 19518 . Ses applications outre la psychothérapie sont nombreuses dans les domaines de l’éducation, l’enseignement, la santé, l’accompagnement social et la médiation. Comme nous l’avons déjà évoqué, l’hypothèse centrale de cette approche est que : « Chaque individu a en lui des capacités considérables de se comprendre, de changer l’idée qu’il a de lui-même, ses attitudes et sa manière de se conduire. Il peut puiser dans ses ressources pourvu que lui soit assuré un climat d’attitudes psychologiques « facilitatrices » que l’on peut déterminer. » Le thérapeute centré sur la personne cherche à établir une relation où le client pourra petit à petit oser faire face à l’anxiété et à la confusion. Ces états d’esprit surviennent quand le concept de soi est remis en question par l’expérimentation consciente d’éléments qui sont ne sont pas admis de base dans ce concept de soi. Si la relation est réalisée, le client pourra alors espérer progresser au-delà de la confusion et éprouver graduellement la liberté de choisir une façon d’être plus intimement lié avec ses sentiments et ses valeurs très profondes. Le but pour le client est donc de favoriser l’émergence d’une personne entière, qui fonctionne pleinement. L’objectif propre du thérapeute se concentre quant à lui autour d’une relation d’alliance si un contrat mutuel est établi, ou de rencontre de personne à personne et non sur les problèmes et les solutions. Pour cela, il ne doit pas hésiter à s’investir pleinement dans la relation avec son client. La croyance principale du thérapeute réside dans le fait qu’il peut obtenir l’accès au monde de son client, s’il s’engage suffisamment émotionnellement en tant que personne et se révèle avec ses propres forces et ses propres faiblesses (si la situation est opportune). Le but primordial du thérapeute est de voir, ressentir, éprouver le monde de la même manière que le client, ce qui n’est pas possible s’il se tient en retrait et maintient une distance psychologique ayant pour but d’atteindre une objectivité scientifique. 

Le positionnement du thérapeute

L’Approche Centrée sur la Personne (ACP) a des exigences très lourdes vis-à-vis du thérapeute. Il faut qu’il puisse établir un lien où le client le perçoit comme digne de confiance et sûr en tant que personne. S’il n’y parvient pas, il ne peut y avoir de thérapie dans ce cadre. De plus, il ne doit pas restreindre la personne à son seul diagnostic. Le diagnostic est intéressant pour comprendre son client en le liant à une case théorique de la personnalité, détaillée et complexe, cependant le thérapeute doit aussi prendre en compte les spécificités de la personne. Aussi, sa seule compétence psychologique n’est pas suffisante pour devenir une personne digne de confiance. Cette attitude n’est pas non plus possible à simuler très longtemps de manière très convaincante. Le thérapeute ne peut être digne de confiance pour quelqu’un s’il ne l’est pas pour lui-même. L’attitude du thérapeute envers lui-même est par cela primordiale. Accepter les expériences et les sentiments de quelqu’un d’autre passe par l’acceptation de soi-même et de ses sentiments sans jugement. Sans cela, il est peu probable d’arriver à paraitre digne de confiance pour quelqu’un qui a lui-même des raisons plus profondes de ressentir de la honte et de se dévaloriser. Le thérapeute doit aussi être prêt à accepter la vague d’informations extérieures qui rentrent en conflit avec sa conscience, sans 15 quoi ouvrir l’exploration des doutes et des peurs de son client sera complexe. Une telle aptitude de la part du thérapeute nécessite un investissement conséquent dans sa propre expérience de vie. La qualité, la profondeur et la continuité de son expérience de vie lui permettra d’inviter avec confiance son client vers un espace où il a déjà voyagé. Ainsi c’est un défi continuel pour le thérapeute de continuer à se développer en tant que personne, de ne pas rester coincé dans une perception passée de soi. Aussi ce sentiment de développement continuel transmis au client lui permettra de ne pas établir de lien qui pourrait le renforcer dans un concept de soi passé. Le développement de soi du thérapeute a entre autres pour but d’atteindre les aptitudes nécessaires à l’ACP qui ont été décrites par Rogers. En effet, l’accompagnement rogérien met en avant trois conditions primordiales dans l’attitude du thérapeute: l’authenticité, l’acceptation et l’empathie. Le dictionnaire Larousse32 définit une attitude comme étant une « manière d’être qui manifeste certains sentiments » ou un « comportement ». « Attitude » vient du latin « aptitudo » qui signifie aptitude. L’attitude et l’aptitude du thérapeute seraient donc liés, Rogers reprend cette définition lorsqu’il parle de l’aspect que le thérapeute manifeste de sa manière d’être. Nous allons maintenant nous familiariser avec ces trois attitudes telles qu’elles sont définies par Rogers. 

L’authenticité

Le thérapeute est son moi réel dans sa rencontre avec le client. Sans artifices, il laisse simplement affluer ses propres sensations, sentiments et attitudes en lui-même dans l’instant présent. Cela implique que le thérapeute ait une conscience de soi assez développée qui lui donne accès à ses sentiments de manière consciente. Il faut qu’il soit capable de les vivre, de les expérimenter dans sa relation à l’autre mais aussi de les communiquer s’ils tendent à persister. Le thérapeute rencontre son client dans une relation de personne à personne, il reste fidèle à lui-même dans son être intérieur et surtout, ne se renie pas. Cependant, ce concept d’authenticité ne sous-entend pas que le thérapeute doit envahir le client de l’expression manifeste de tous ses sentiments ni qu’il dévoile tout ce qu’il est. Il s’agit dans l’authenticité de ne pas se cacher les sentiments éprouvés à soi-même, de vivre de manière transparente tout 16 sentiment de la relation et le faire savoir au client. Il ne faut pas créer de façade ou se protéger derrière un masque de professionnalisme ni même adopter une posture de confesseur professionnel. Etre vrai implique d’approcher au plus près du flux expérientiel en perpétuel mouvement à l’intérieur de soi-même alors que celui-ci est caractérisé par sa complexité et ses changements incessants. On peut diviser l’authenticité en deux dimensions: – une dimension intérieure: la congruence. Elle se réfère au degré de conscience et à la réceptivité du thérapeute envers son flux expérientiel et représente l’unité totale de la conscience avec l’expérience. – une dimension extérieure: la transparence. Elle se réfère à la communication explicite des attitudes, des sentiments et des perceptions conscientes du thérapeute. Un thérapeute peut être congruent sans pour autant être transparent et inversement. La congruence est considérée comme un facteur crucial dans la construction de la confiance, et sans elle, l’acceptation et l’empathie ne peuvent être efficaces. Par le concept de congruence, Rogers insiste particulièrement sur la notion de présence personnelle. Il est opposé à l’idée qu’un thérapeute doit être un « écran vide » et préconise une thérapie en face à face où le thérapeute se montre peu lui-même mais est pleinement impliqué dans le monde expérientiel du client. La congruence lutte contre l’attitude défensive du thérapeute et les problèmes d’existence qu’il n’a pas encore pu résoudre. La présence de vulnérabilités peut donner au thérapeute le sentiment d’être trahi et le rendre incapable de suivre avec quiétude certaines expériences du client. Ce que le thérapeute montre au client c’est un engagement ouvert et direct dans une attitude naturelle et spontanée. Dans une telle relation, l’effet thérapeutique se ressent à travers le thérapeute-modèle. Par sa congruence, il encourage le client à prendre lui-même des risques pour devenir lui-même. Afin de consolider cette présence personnelle, il est nécessaire que le thérapeute se maintienne de tout son être dans sa méthodologie concrète, dans ses interventions et ses procédures. Ses méthodes de travail devraient correspondre à sa personnalité. Il est important que chaque thérapeute respecte son style personnel, sa propre façon de faire sans s’enfermer dans une méthodologie préprogrammée. Cependant, il n’est pas question d’en abuser pour mettre en place une expérimentation irréfléchie, le processus d’évolution du client et le suivi de son parcours expérientiel restent au centre de l’intervention.

Formation et coursTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *