Le cancer du sein constitue un problème de santé publique tant dans les pays développés que dans les pays en développement. Cela est dû à sa fréquence, sa morbidité et surtout sa mortalité. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on estime à 14,1 millions le nombre de nouveaux cas de cancer et à 8,2 millions le nombre de décès liés aux cancers survenus en 2012, par rapport à 12,7 millions de nouveaux cas et 7,6 millions de décès en 2008 [1]. C’est le deuxième cancer en termes de fréquence dans le monde, touchant 1,7 million de femmes chaque année. En 2012; 6,3 millions de femmes vivaient avec un cancer du sein diagnostiqué au cours des cinq années précédentes. Depuis les dernières estimations de 2008, l’incidence a augmenté de plus de 20 %, et la mortalité de 14 %. Le cancer du sein est la cause la plus fréquente de décès par cancer chez les femmes (522 000 décès) et le cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez les femmes dans 140 des 184 pays couverts par GLOBOCAN dans le monde. Le cancer du sein représente maintenant un cancer sur quatre chez les femmes [2]. Aux États-Unis ; 232 714 personnes sont atteintes de cancer du sein chaque année avec 43 909 décès par an. En Chine, ce nombre est de 187 213 avec 47 984 décès par an. En France, le nombre de cancers du sein est passé de 21 211 nouveaux cas en 1980 à 54 245 en 2012. En Afrique, il représente le deuxième cancer après celui du col de l’utérus. Au Nigéria, 27 304 cas sont diagnostiqués chaque année avec un nombre de décès égal à 13 960 par an [2]. Au Niger, la fréquence était de 16,58 % de tous les cancers colligés sur une période d’étude de 10 ans (1999 – 2009) et représentait 27,36 % des cancers des femmes nigériennes [3].

D’après les données du registre des cancers du Mali, en 2012, le cancer du sein demeure le 2 eme cancer de la femme après celui du col avec une fréquence de 12,4 pour 100000 habitants [4]. L’étiologie des cancers du sein est mal connue, cependant plusieurs facteurs de risque ont été liés à des facteurs hormonaux, sociaux et aux antécédents personnels et familiaux. Le diagnostic généralement tardif dans nos pays en développement aboutit à des formes avancées dont les thérapeutiques mutilantes sont coûteuses et nécessitent un accompagnement de longue durée ; après ce constat, nous avons jugé important de mener le présent travail afin de pouvoir étudier le suivi des patients atteints de cancer du sein dans la ville de Bamako.

GÉNÉRALITÉS

Définition
Le cancer du sein correspond à une croissance relativement autonome de tissu néoformé aux dépens de la glande mammaire [5]. Il peut s’agir d’un carcinome développé aux dépens de l’épithélium des canaux galactophores et des lobules. Les sarcomes sont développés aux dépens du tissu conjonctif. Il existe deux formes typiques de cancer du sein : [6]
– La forme lobulaire qui est la forme la moins fréquente.
– La forme canalaire qui est la forme la plus commune.

Rappels

Rappel embryologique
Les glandes mammaires sont des glandes apocrines modifiées d’origine ectodermique qui se développent de chaque côté du corps, le long des crêtes mammaires vers la quatrième semaine de la gestation [7].

Rappel anatomique 
Les seins sont des organes glanduleux pairs destinés à sécréter un lait adapté à la nutrition des nouveau-nés. En dehors de cette fonction principale, les seins tiennent chez la femme un rôle plastique très important (esthétique) mais encore un rôle érogène à cause de sa riche innervation.

Situation
Au nombre de deux, les seins occupent la partie antéro-supérieure de la poitrine de chaque côté du sternum, en avant des muscles pectoraux et en regard de l’espace compris entre la 3 eme et la 7 eme côte.

Forme
La forme générale du sein féminin est variable, le plus souvent conique arrondie. Les seins présentent chez la jeune fille une forme semi-ovoïde. À l’âge adulte, les seins acquièrent leur maturité. La grossesse, les allaitements et l’âge modifient l’aspect des seins qui deviennent plus ou moins pendants.

Volume et dimensions
Les seins mesurent en moyenne 10 à 11 cm de hauteur sur 12 à 13 cm de largeur, chez l’adulte et en dehors de la grossesse. Au cours de la grossesse, les seins augmentent de volume surtout au début et à la fin de la gestation.

Poids
Le poids du sein varie d’environ 150 à 200 g chez la jeune fille et d’environ 400 à 500 g chez la nourrice, pouvant atteindre 800 à 900 g.

Rapports et moyens de fixités
• Rapports :
Les seins sont en rapport en avant avec le plan cutané et en arrière avec le plan musculo-facial et thoracique.
• Moyens de fixités :
Les moyens de fixités du sein sont essentiellement constitués de ligament suspenseur du sein (ligament de Cooper) et de la peau.

Configuration externe
Le revêtement cutané du sein n’étant pas homogène, on lui décrit trois zones à savoir :
– Zone périphérique : cette zone est lisse, souple.
– Zone moyenne : il s’agit de l’aréole (ou l’auréole).
– Zone centrale : c’est le mamelon.

Configuration interne
Une coupe sagittale passant par le mamelon permet d’observer de la superficie à la profondeur : l’enveloppe cutanée, le corps mammaire et la couche celluloadipeuse (rétro mammaire).

Vascularisation et innervation
Le sein est un organe très vascularisé, riche en nerfs et en ganglions lymphatiques.

– Vascularisation artérielle
Les artères du sein proviennent de trois sources dont : l’artère thoracique interne (artère principale du sein), l’artère axillaire, les artères intercostales.
– Vascularisation veineuse
Le circuit veineux est indispensable à connaitre, car il représente la voie rapide des métastases par embolie carcinomateuse. Il est composé d’un réseau veineux superficiel et d’un réseau veineux profond.

– Les voies lymphatiques
Leur importance dans la dissémination des tumeurs est bien connue. Selon leur siège, on distingue plusieurs chaînes :
• Les ganglions mammaires externes.
• Les ganglions mammaires internes.
• Les lymphatiques croisés des glandes mammaires.

Innervation :
On distingue les nerfs superficiels et les nerfs profonds.

Rappel histologique

Histologie du sein :
• Le sein est une glande exocrine, tubulo-alvéolaire composé sécrétant le lait.
• Il est constitué de 15 à 25 lobes subdivisés en lobules et de 10 à 15 canaux galactophores. Ces structures sont entourées par un tissu conjonctif collagène ou tissu de soutien.
• Chaque lobe est constitué de lobules et chaque lobule comprend approximativement 30 subdivisions terminales (acini ou ductules) qui forment la zone parenchymateuse du lobule.