Le développement autocentré et développement par le secteur moderne

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Le travail exploratoire

La recherche bibliographique

Après le choix de notre thème et après avoir posé une question de départ, cette phase de recherche bibliographique a été le premier acte de rupture. Elle a débuté au mois de janvier 2002 au niveau des centres de documentation et bibliothèques : Bibliothèque Universitaire de Dakar, Centre Culturel Français, Centres de documentation du CODESRIA et D’ENDA-TIERS-MONDE. Elle a été complétée par quelques ouvrages et revues prêtés par des tiers.
Cette recherche bibliographique a consisté dès le début à rechercher des ouvrages généraux qui traitent de la participation de la société civile régionale dans le développement local. Cependant le problème qui s’est posé à ce niveau est qu’il y a une pauvreté manifeste des écrits généraux. En somme la littérature que nous avons parcourue tend vers la description de stratégies partenariales entre secteur populaire et pouvoirs publics ou d’initiatives populaires selon des contextes et milieux spécifiques. C’est ce qui a nous a poussé d’ailleurs à adopter une démarche consistant d‘abord à réfléchir sur ce qui a pu engendrer l’émergence du mouvement du mouvement associatif au Sénégal et ensuite à orienter la recherche bibliographique vers cette direction. Ainsi, nous avons vu que le partenariat entre mouvement associatif et acteurs institutionnels prend place dans un contexte marqué par une crise profonde et est favorisé par un processus de décentralisation qui responsabilise les collectivités locales tout en accordant une large place aux acteurs populaires qui, conscients des limites des pouvoirs publics, engagent des initiatives allant dans le sens de pallier ces insuffisances.
Tour à tour, nous avons donc fait des lectures sur les problèmes ruraux, sur le processus de décentralisation (son avènement et ses enjeux) et sur le développement local (ses enjeux et exigences). C’est à cette dernière étape de nos lectures que nous avons d’abord pu traiter de l’importance accordée aux acteurs populaires dans le processus de développement local, ensuite faire ressortir les divers implications et impacts du mouvement associatif dans le développement local.

L’enquête exploratoire

Les enquêtes exploratoires (sous forme d’entretiens semi-directifs) ont été menées parallèlement aux lectures. Elles ont concerné trois catégories d’acteurs : il s’agit des responsables de l’ARAF ,des leaders associatifs et des chefs de village.
Avec les responsables de l’ARAF (le Président et les appuis techniques) nous nous sommes entretenus sur le développement, ses exigences, enjeux et limites en nous inspirant du cas de l’ARAF. Les entretiens ont porté aussi sur l’importance qu’ils accordent aux relations de partenariat et leurs attentes à celles-ci.
Quatre leaders associatifs ont été rencontrés au hasard et ont accepté de nous accorder des entretiens. Ces derniers étaient aussi semi-directifs et ont porté sur le fonctionnement des organisations communautaires de base d’une manière générale (activité, moyens, organisation,…) et sur les difficultés auxquelles elles sont confrontées.
Quant aux entretiens avec les chefs de village, ils ont porté sur les actions menées par l’ARAF dans leur village.
Cette phase d’enquête exploratoire nous a permis d’avoir des éléments concrets par rapport à notre thème et a contribué à la définition de notre orientation.

L’observation

Dans un souci de complémentarité, les deux phases précédentes ont été menées simultanément avec une stratégie d’observation qui a consisté à assister surtout aux réunions de structures associatives telles que les ASC, AVD et les GPF appuyés par l’ARAF et à fréquenter, si l’occasion nous en était donnée, des séminaires sur la dynamique associative et leurs impacts sur le développement local.
Profitant de notre statut de Coordonnateur Régional d’un projet de développement, nous avons pu assister, à plusieurs assemblées générales de renouvellement d’organisations communautaires de base et à des réunions de bureau. L’occasion nous était alors donné au moment des discussions de déceler les atouts et les limites de ces structures.
Notre présence en tant qu’observateur, apprenti chercheur et participant a été profitable, lors du séminaire atelier de réflexions et d’échanges sur la dynamique associative au Sénégal tenu à Fatick les 15 et 16 Mars 2002.
En définitive, cette première étape de la recherche a abouti à la formulation d’un problème de recherche dans lequel nous avons déterminé l’orientation de notre étude. Ainsi, comme dernier acte de la rupture nous nous sommes fixé pour finalité de déterminer la participation du mouvement associatif dans le développement local : le cas de l’ARAF dans la région de Fatick.
Dans cette perspective, il fallait construire un ensemble de procédés pouvant permettre de glaner des informations allant dans ce sens. Ainsi des hypothèses ont été formulées en vue de répondre provisoirement à nos préoccupations. Elles ont abordé la construction d’un modèle d’analyse où nous avons d’abord spécifié les concepts mis en relation pour sélectionner les aspects les plus essentiels de la réalité et ensuite comment nous comptons aborder le problème. Cette étape de la construction a été suivie de celle de l’observation, autrement dit l’enquête proprement dite où nous avons confronté nos hypothèses à la réalité du terrain.

L’enquête proprement dite

Cette partie correspond à la confrontation du modèle d’analyse à des données observables. C’est une opération de mise en pratique d’outils appropriés, inspirés par la phase de construction pour avoir des informations de vérification des hypothèses. Pour bien conduire cette partie de recherche, le chercheur doit se poser trois questions : que dois-je observer ? Sur qui vais-je l’observer ? Comment l’observer ?
Faisant nôtres ces trois questions, nous avons apporté des éléments de réponse en décrivant notre opération de collecte d’informations.

Les informations à recueillir

« Observer quoi ? » est la première question à laquelle nous devons répondre. Dans le cadre de notre étude, les données pertinentes sont celles que nous avons déterminées dans le modèle. Ce modèle peut se traduire à deux niveaux: celui d’abord de la matérialisation des actions de développement menées par l’ARAF dans la région de Fatick, ensuite celui de l’influence que ces activités peuvent avoir sur la capacité développante de la région.
Dans un effort de construction, nous voulons montrer que les moyens financiers, institutionnels et techniques mis en œuvre par l’ARAF permettent de renforcer le développement local. Les informations pertinentes à rechercher sont donc relatives aux différentes ressources mobilisées, aux mécanismes de leur mise en commun et à leurs retombées au niveau de la capacité développante des communautés de base.

Choix des zones d’enquête et échantillonnage

Après avoir déterminé les informations à recueillir, la question que nous devons maintenant nous poser est de savoir sur qui observer ces informations. Cette étape est celle de la circonscription du champ de la recherche aussi bien dans l’espace géographique que dans le temps.
Le recueil des informations a duré 90 jours (du 01 février au 30 avril 2002) et s’est déroulé sur deux aires géographiques différentes : les zones rurales et les zones urbaines. Pourquoi le choix de ces deux localités ?

Choix des zones d’enquête

Les zones rurales et urbaines ont été choisies parce que ce sont les deux principales composantes de l’espace fatickois, mais aussi les zones d’accueil des interventions de l’ARAF.
Cependant nous avons privilégié les zones rurales car c’est là-bas où nous notons une forte présence de l’ARAF.
C’est pour toutes ces raisons ci-dessus évoquées que nous avons choisi ces deux zones comme aires d’enquêtes.

Echantillonnage

Sur la base d’une liste fournie par le service régional du Développement Communautaire et l’ARAF, nous avons vu que les associations ciblées dans cette étude font au total quatre vingt quinze (95) structures associatives réparties comme suit, suivant le type et le nom du collectif.
A partir de cette base de sondage, nous avons construit en échantillon avec un taux de sondage fixé aux deux tiers (2/3) de la population totale, soit 63 structures associatives sur les 95 que comptent les deux types de zones ciblées. Dans l’optique de reproduire la catégorisation observée au niveau de la population-mère dans l’échantillon, nous avons opté pour un échantillonnage par quota, chaque type de l’échantillon ayant le même pourcentage que celui de la population mère. Le tableau suivant donne une représentation des types d’associations de l’échantillon.
Cependant, le choix des unités à enquêter ne s’est pas fait d’une manière hasardeuse mais raisonnée. Dans le souci de mieux l’apport de l’ARAF sur les acteurs à la base ainsi que les enjeux et contraintes tout en assurant une meilleure représentativité à notre échantillon, nous avons jugé ces quelques critères de choix importants :
 Les associations ayant une affiliation plus longue avec l’ARAF sont privilégiées ;
 Elles doivent toujours être actives.
Sur la base de la liste fournie par le service régional de Développement Communautaire de Fatick et l’ARAF, nous avons pu sélectionner les associations répondant à ces critères. Le choix de ces critères a été guidé par le fond de notre étude qui est de mesurer la participation du mouvement associatif dans le développement local.
Leur croisement nous a permis d’avoir la répartition ci-après suivant le type et la zone.
Pour toutes ces associations, nous avons interrogé soit le président ou le secrétaire général qui sont les personnes les plus indiquées pour répondre aux questions concernant leur association ; ce qui fait un total de 63 personnes. A celles-ci, nous avons ajouté les responsables de l’ARAF, les présidents des conseils ruraux, les maires, les chefs de village, les leaders et agents des projets de développement et une dizaine de jeunes et femmes choisis au hasard dans les associations enquêtées. Au total, nous avons interrogé 90 personnes.

Les outils utilisés

La troisième et dernière préoccupation du chercheur doit être de définir la manière dont il va recueillir les informations pertinentes sur les unités d’enquête. Il s’agit en fait de déterminer les instruments de l’observation. Dans notre étude quatre outils ont été utilisés : les guides d’entretien, le questionnaire, l’observation désengagé et les entretiens informels.

Les guides d’entretien

Quatre guides d’entretien ont été utilisés dans cette étude. Ils ont été administré aux responsables de l’ARAF, aux élus locaux, aux agents des projets de développement et aux chefs de village et avaient pour objectifs une appréhension du partenariat entre l’ARAF et les acteurs institutionnels et de leurs appréciations des actions menées par l’ARAF. Il est composé de cinq thèmes :
– présentation de la structure
– objectifs du partenariat
– mécanisme du partenariat
– appréciations sur les actions de l’ARAF
– limites de l’ARAF

Le questionnaire

Le questionnaire a été utilisé avec les associations. Il avait pour objectif de voir s’il y a un dynamisme interne soutenu au niveau des associations pour pouvoir soutenir des relations de partenariat avec l’ARAF et impulser un véritable développement local dans la région de Fatick. Il s’agissait donc de faire un diagnostic des associations. Avant son application systématique, le questionnaire a subi un test qui visait à mesurer sa validité. Celui-ci a duré cinq (5) jours et a concerné les six types associatifs, une de chaque type, réparties entre les deux zones. Ce test a permis de revoir la structure du questionnaire en montrant l’impertinence de certaines questions et la nécessité d’en ajouter d’autres. Ainsi, nous avons procédé par élimination et rajout jusqu’à obtenir un questionnaire comprenant les sections suivantes :
– Section I : identification de la structure associative
– Section II : organisation et fonctionnement
– Section III : activités de la structure
– Section IV : relations structure associative/ ARAF
– Section V : développement local

Les entretiens informels

Ceux-ci ont été d’un très grand apport dans la collecte des informations. Ils nous ont surtout permis de relever les opinions des individus sur des points tels que le fonctionnement des structures associatives, la perception que les individus ont de l’impact de l’ARAF dans le développement local. Ce sont des entretiens qui nous ont permis de glaner des informations que les enquêtes formelles n’ont pas révélées. Nous avons eu comme interlocuteurs lors de ces entretiens des jeunes et des femmes membres des associations.

L’observation

En assistant à des réunions d’ASC, d’AVD ou de groupements de femmes en tant qu’invité, agent de développement ou simple curieux, nous avons pu glaner là aussi des informations que les outils formels n’ont pas permis d’avoir.

Difficultés rencontrées

Cette étude a été menée non sans difficultés. La difficulté la non moins éprouvante a été celle de contacter les personnes à enquêter. Il fallait d’abord, dans chaque zone de notre objet d’étude, localiser le lieu de résidence de ces personnes, ce que nous avons fait en demandant des renseignements auprès des populations. Mais vu que la plupart de ces personnes sont actives dans l’informel ou s’occupent de leur ménage et qui par conséquent n’ont pas beaucoup de temps, nous avons été contraints de passer à plusieurs reprises chez elles avant de pouvoir les enquêter. Ceci nous a pris beaucoup de temps. Finalement, nous avons eu l’idée de planifier les enquêtes en les conduisant à des moments où nos interlocuteurs étaient susceptibles d’être disponibles.

Table des matières

Introduction
Première Partie : Cadre Général, Cadre Méthodologique, Présentation de la zone d’étude et de l’ARAF.
Chapitre I : Cadre général
I.1 – Problématique
I.2- Revue de la littérature et l’état de la questio
I.3 – Justification du thème de recherche
I.4 – Délimitation du champ de l’étude
I.5 – Objectif général de la recherche
I.6- Objectifs secondaires de la recherche
I.7- Hypothèses de recherche
I.8 – Définition des concepts opératoires
I.8.1 -Le développement
I.8.2 – Le développement inégal
I.8.3 – Le développement autocentré et développement par le secteur moderne
I.8.4 – Le développement par la création d’emploi
I.8.5 – Le développement par la satisfaction des besoins essentiels et autres stratégies similaires
I.8.6- Le développement durable
I.8.7 – Le développement à la base
I.8.8 – Le développement local
I.8.9 – La participation
I.9 – Les indicateurs de recherche
Chapitre II : Cadre Méthodologique
II.1- Le travail exploratoire
II.1.1- La recherche bibliographique
II.1.2- L’enquête exploratoire
II.1.3 L’observation
II.2- L’enquête proprement dite
II.2.1- Les informations à recueillir
II.2.2- Choix des zones d’enquête et échantillonnage
II.2.2.1- Choix des zones d’enquête
II.2.2.2- Echantillonnage
II.2.3- Les outils utilisés
II.2.3.1- Les guides d’entretien
II.2.3.2- Le questionnaire
II.2.3.3- Les entretiens informels
II.2.3.4 -L’observation
II.3- Difficultés rencontrées
Chapitre III : Monographie de la zone d’étude
III.1- Présentation de la région de Fatick
II.1.1- Caractéristiques de la région
III.2- Population
III.2.1- Effectif et répartition de la population régionale
III.2.2- Structure de la population par âge et par sexe
III.2.3 -Age des villages
III.2.4- Dynamiques de la population
III.2.4.1- Les mouvements naturels
III.2.4.1.1- Niveau et tendance de la fécondité
III.2.4.1.2- Niveau et tendance de la mortalité
III.2.4.1.3 -Taux de natalité
III.2.4.2- Les migrations
III.3- Les systèmes de production agricole
III.3.1- Le système sérère
III.3.1.1 -Le système de culture
III.3.1.2- L’élevage
III.3.1.3- La pêche
III.3.2 -Le système wolof
III.3.3 -La politique d’encadrement
III.3.4- Dynamique organisationnelle
Chapitre IV : Présentation de l’ARAF
IV.1- Historique
IV.2- Mission
IV.3 -Ressources
IV.4- Objectifs
IV.5- Organisation
IV.6- Domaines d’activités
IV.6.1- Activités économiques
IV.6.2- Activités socio-économiques
IV.6.3- Activités de protection de l’environnement
IV.7 -Partenariat
IV.8 -Les femmes
Deuxième Partie : Présentation des résultats et analyse des données
Chapitre V : Les différents types d’investissements de l’ARAF
V.1-Les investissements dans le domaine de l’hydraulique
V.2-Les investissements dans le domaine de la santé
V.3-Les investissements dans le secteur de l’éducation
V.4-Les investissements productifs
Chapitre VI : Les impacts des interventions de l’ARAF
VI.1-Impact des forages sur la vie des populations
VI.2-Impact des structures de santé
VI.3-Impact de l’implication de l’ARAF dans le secteur scolaire
VI.4-Les impacts de l’ARAF dans les autres volet
VI.4.1-L’alphabétisation
VI.4.2-Les Ecoles Communautaires de Base (ECB)
VI.4.3-La formation des jeunes filles en rupture de scolarité
VI.4.4-La garderie d’enfants ou « enfance école »
VI.4.5-Les autres types de formation
VI.4.6-Les services de la micro-finance
VI.4.6.1-Le système épargne-crédit
VI.4.6.2-Les banques céréalières ou BC
VI.4.7-L’appui à la production du sel
VI.4.8-L’élevage des chèvres
VI.4.9-Le maraîchage
VI.4.10-La gestion des ressources naturelles
Chapitre VII : Les dynamiques sociales induites par l’ARAF
VII.1-La recomposition du lien social
VII.2-Les éléments du changement social
VII.3-La mise en place des espaces de participation
VII.4-Les transformations sociales à l’échelle villageoise
VII.5-Peut-on parler d’un développement local ?
Conclusion générale
Annexes
Les outils
Liste des tableaux
Bibliographie

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