L’ETRE ET SON RAPPORT ORIGINEL A L’ESSENCE DE L’HOMME

L’ETRE ET SON RAPPORT ORIGINEL A L’ESSENCE DE L’HOMME

Pour Heidegger, dépasser la métaphysique, c’est penser l’être dans son sens originel. En d’autres termes, si l’on veut renouer avec la métaphysique par excellence, c’est-à-dire avec la question de l’être, il faut dépasser la métaphysique classique, la déconstruire, projet exigeant de comprendre que « l’homme n’est pas maître de l’étant, il est le berger de l’homme peut avoir la chance de rencontrer la question de son propre être. En conséquence, il est impossible de faire l’économie de la question de l’être là où se trouve abordée celle de l’homme. Dit en langage plus clair, dire l’être-là, doit-il sauver l’être de l’oubli et de l’aliénation que cet oubli entraîne. Autrement dit, l’homme est l’unique étant à qui ont été confiées la pensée et la garde de l’être, car l’être de l’homme n’a pas sa fin en lui-même, mais au contraire il est destiné à un destin .

L’être et la question de l’authenticité

Heidegger soutient que les catégories humanistes définissent l’homme comme être doué de raison, comme subjectivité opposable à l’objectivité, mais « n’expérimentent pas encore la dignité propre de l’homme »123 qui est d’être le berger de l’être. Il lie donc la capacité d’interroger, de dire l’être, d’en éclairer la vérité à une catégorie humaine occultée et dévoyée par les catégories humanistes. Cette catégorie est l’existence. Par existence, nous entendons, la caractéristique du Dasein car seul le Dasein existe. Alors que les choses sont, l’homme n’est pas ; il existe et dans l’existence, le dévoilement de l’être peut s’opérer et advenir au langage. Heidegger affirme que c’est comme être dans cette modalité d’être que l’homme peut être le penseur de l’être. Penser l’être, c’est penser ce qui est digne d’être pensé. En pensant l’être, en se rapportant à la question de l’être, le Dasein s’inscrit dans un mode propre d’exister. À l’inverse, lorsque le Dasein se perd, c’est-à-dire se prendre pour ce qu’il n’est pas, il plonge dans une existence impropre. Ces deux modes, l’impropriété ou l’inauthenticité et le propre ou l’authenticité, nous révèlent que l’étant humain (le Dasein) refoule ou oublie l’être, lui préférant les perspectives ou vues empiriques, plus quotidiennes et rassurantes. Ce qui revient à dire que le Dasein vit dans une double possibilité, à savoir être dans l’authenticité ou exister improprement, c’est-à- dire vivre dans l’inauthenticité. L’inauthenticité, c’est endurer la question de l’être que j’ai à être sur le mode de l’oubli, c’est le fait de ne pas se questionner quand à son être tandis que l’authenticité, c’est lorsque je me prends soudain en vue et que s’ouvre la pleine conscience de ma responsabilité d’être, c’est sortir de l’affairement, du bavardage (Gerede), du « on » c’est-à-dire du règne du « on » appelé en allemand « das Man ». En quittant le mode impropre d’exister qui est celui de la quotidienneté, le Dasein quête en direction de l’être. Il s’ouvre ainsi à une existence authentique : le dévoilement, la vérité. Cette authenticité trouve, en effet, son fondement en l’être, d’où le rapport de l’être à la question de l’authenticité.

L’authenticité et l’inauthenticité

La problématique de l’authenticité et de l’inauthenticité doit être interprétée ici à un niveau de compréhension ontologique et non comme moralisante ou anthropologique. Les expressions « authenticité » et « inauthenticité » traduisent en effet les termes allemands Eigenlitch et Uneigenlitch. Dans Être et Temps, Heidegger montre à travers l’analyse existentiale de l’être-là que tous les modes du Dasein peuvent se réaliser selon l’authenticité ou l’inauthenticité. Ces deux modes d’exister du Dasein ne sont nullement des opposés mais c’est la mauvaise traduction des termes allemands Eigenlitch et Uneigenlitch qui a engendré une opposition péjorative. Cependant, nous devons entendre le comprendre authentique comme celui qui s’origine dans le Soi, le sujet, le comprendre inauthentique dans le monde, car le Dasein est toujours déjà « au monde » qui appartient à l’ipséité (Selbstsein) de l’être-là, et « l’entendre de l’existence comme telle est toujours déjà un entendre du monde »124. En un sens strict, inauthentique signifie l’être-là qui ne se comporte pas en vue de son être propre, mais en se laissant aller au monde, le mode d’être authentique étant celui par quoi le Dasein est explicitement son être propre, c’est-à-dire l’ouvert qui permet à l’être de se déployer en son essence.

Aux yeux de Heidegger, l’inauthenticité et l’authenticité ne sont pas des opposés. Elles se tiennent dans une sorte de tension affective, une tension à être. L’authenticité qui correspond à l’ipséité reconnue et son contraire l’inauthenticité, qui correspond à l’ipséité méconnue sous le mode de la dénégation sont deux modes d’exister du Dasein. L’être-au- monde authentique que découvre l’angoisse s’ouvre comme un « être-possible » que Heidegger caractérise ainsi : comme ce qu’il ne peut être qu’à partir de lui-même, seul et dans ‘‘isolement’’ (in der Vereinzelung). L’inauthenticité est le fait d’un Dasein qui se comprend lui-même à partir de ce dont il se préoccupe et non pas à partir de son propre pouvoir-être fini.

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