Sécurité alimentaire

Sécurité alimentaire

La malnutrition

La malnutrition est engendrée soit par une faible consommation alimentaire due à un manque de disponibilité, à un accès insuffisant et à une mauvaise utilisation des aliments. Celle-ci est causée par la méconnaissance de bonnes pratiques nutritionnelles et/ou de l’environnement sanitaire déficient (PAM, 2005). La qualité nutritionnelle peut être mesurée par le score de diversité alimentaire ou SDA qui « comptabilise le nombre de groupes d’aliments consommés. Cet indicateur se réfère à la consommation alimentaire du ménage durant les 7 jours précédant l’enquête. Cependant, il n’existe pas de seuil internationalement reconnu pour définir une bonne ou mauvaise diversité alimentaire» (PAM, 2014). 

Implication sectorielle de la sécurité alimentaire

Etant un concept multidimensionnel, la sécurité alimentaire comporte diverses implications sectorielles notamment dans le domaine de l’agriculture familiale, la politique agricole, le changement climatique, la pauvreté, l’échelle géographique et la perspective de développement. La sécurité alimentaire et la pauvreté « La faim constitue à la fois la cause et l’effet de la pauvreté extrême. Elle empêche les pauvres de tirer parti des possibilités de développement. L’éradication de la faim est une étape indispensable pour réduire la pauvreté et l’inégalité » (Drogué & al., 2006). Quand bien même, les pauvres ne sont pas toujours les plus durement touchés. Les riches qui ont plus de biens courent le risque de perdre plus et d’avoir la difficulté de compenser leurs pertes. Pauvreté et insécurité alimentaire ne sont pas synonymes. Les stratégies d’adaptation de la communauté est un paramètre incontournable dans l’évaluation de la sécurité alimentaire (FISCR, 2005). L’insécurité alimentaire chronique et la vulnérabilité généralisée ont une forte relation avec la pauvreté endémique qui se caractérise chez les agriculteurs par la précarité de leur système de production, l’insuffisance des aménagements agricoles. Cette précarité est majorée par la vulnérabilité aux aléas climatiques, origine des crises alimentaires conjoncturelles récurrentes (ibid.). La stratégie de compensation des ménages face aux chocs peut être classée en deux catégories. Ce sont les stratégies de type alimentaire et les stratégies de type non alimentaire. Les stratégies de type alimentaire consistent à la modification des habitudes alimentaires ou la réduction du nombre de repas ou des quantités consommées tandis que les stratégies de type non alimentaire font recours à la vente de biens productifs et non productifs, de bétail, le recours à l’emprunt, à la migration exceptionnelle, aux travaux exceptionnels, à la mendicité… L’insécurité alimentaire varie selon le niveau d’éducation du chef de ménage car Etat de l’art et méthodologie 17 « l’importance du revenu agricole généré dépend des caractéristiques des ménages : plus le niveau d’instruction du chef de ménage est élevé, plus la superficie exploitée est grande, plus le montant du revenu agricole est élevé » (FISCR, op. cit.).

La sécurité alimentaire dans le Monde

A l’origine, la sécurité alimentaire a été basée sur le calcul du ratio moyen de disponibilité alimentaire sur population. Ce ratio était inspiré de la théorie malthusienne. Le concept de la sécurité alimentaire a depuis évolué sur le plan international, particulièrement au début des années 80, avec les travaux d’Amartya K. Sen qui, dans Poverty and Famines en 1981 a soutenu que ce ratio est obsolète pour expliquer l’émergence d’une famine. La FAO en 1983 a énoncé sa première version du concept élargi de la sécurité alimentaire. Au fil du temps, le concept de la sécurité alimentaire a évolué et dont la dernière définition stipule que « la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leur besoin énergétique et leur préférence alimentaire pour mener une vie saine et active ». Dans ce nouveau contexte, l’insuffisance de la disponibilité alimentaire n’est plus considérée comme la cause principale de la sous-alimentation. C’est plutôt la pauvreté qui est pointée du doigt comme la cause principale de l’insécurité alimentaire (Drogue & al., ibid.). Les dernières décennies du 20ème siècle ont été marquées par l’augmentation des disponibilités alimentaires mondiales, particulièrement pour les pays en développement. La consommation alimentaire globale moyenne est passée de 2 200 kilocalories par jour et par personne dans les années 60 à plus de 2 800 kilocalories à la fin du 20ème siècle. Quand bien même, ces évolutions sont jugées lentes, irrégulières et géographiquement hétérogènes. La prévision de réduction annuelle du nombre de personnes sous-alimentées est de 8 millions par an. Ainsi, la Déclaration du Millénaire, de réduire de moitié le nombre de personnes sousalimentées pour l’année 2015 au plus tard n’était du tout pas atteint (Drogue& al., op. cit.). Les Nations Unies ont tablé que les agriculteurs de la planète devront nourrir huit milliards d’êtres humains d’ici 25 ans. Le Club de Rome s’alarmait dans « Limits to Growth » (Meadows, 1972 ; Drogue & al., 2006) qu’avec son taux d’accroissement démographique exponentiel, les capacités maximales d’approvisionnement de la planète seraient atteintes en un siècle. Ceci ouvre le débat sur comment la planète pourra nourrir de manière satisfaisante 09 ou 10 milliards d’êtres humains. La prise en compte de l’environnement est indéniable avec les effets croisés entre l’agriculture et la préservation des écosystèmes. Grosso modo, la population mondiale disposera d’une alimentation plus riche (environ 3.000 Etat de l’art et méthodologie 18 kcal/personne/jour selon la FAO). La population mondiale s’urbanise et s’enrichit ; ces deux phénomènes conjugués vont provoquer des changements quantitatifs et qualitatifs dans la demande adressée au secteur agricole. L’apparition des stress environnementaux risquent de ne pas faciliter la satisfaction de cette demande alimentaire par l’agriculture En outre, le développement des infrastructures et l’urbanisation risquent de réduire les surfaces agricoles autour de grands centres de population et reflètent ainsi la concurrence spatiale entre cultures alimentaires et cultures non alimentaires. Les systèmes de production plus intensifs engendrent une dégradation de sols et une déforestation. La perspective pour l’augmentation de la production alimentaire, l’adoption des biotechnologies et du génie génétique pour accroître la productivité de l’agriculture n’est pas encore effective voire controversée à cause des incertitudes sur leurs conséquences environnementales et le manque d’acceptation sociale. L’agriculture se heurte aux effets pervers du changement climatique. (Drogué & al., 2006). Pour pallier les problèmes de la faim dans le Monde, le défi de la zéro famine a été lancé par l’Organisation des Nations Unies, ONU, lors de la Conférence de Rio pour le développement durable en Juin 2012 (FAO, 2014b). Le défi de la zéro famine repose sur cinq piliers principaux : – mettre fin à la faim, – rendre à 100% l’accès aux aliments adéquats pour toute l’année, – pérenniser les systèmes alimentaires, – doubler la production et le revenu des petites exploitations agricoles. – réduire à zéro la perte alimentaire (FAO, 2014b). Face à ce défi de taille, la disposition de ressources est essentielle pour assurer la sécurité alimentaire du monde rural. Dans ce sens, l’égalité de genres en matière d’« ownership » joue un rôle important pour améliorer la productivité et la sécurité alimentaire. Le fait d’accorder plus d’importance à la femme dans la prise de décision du ménage augmenterait la productivité agricole (Galiè & al., 2015).

La sécurité alimentaire à Madagascar

Madagascar est l’un des pays les moins développés au Monde. En 2012, il se classait 151ième sur 186 pays de l’index du développement humain : le niveau de pauvreté est très élevé (environ 71% de la population vit en dessous du seuil national de pauvreté et 52 % vit en dessous du seuil de l’extrême pauvreté. Madagascar figurerait parmi les trois pays du globe Etat de l’art et méthodologie 19 le plus affecté par le changement climatique dans les 30 années à venir. Le changement climatique laisse déjà ses effets à l’instar de la baisse drastique de revenu et de la sécurité alimentaire de 80% des ménages. 72% des ménages victimes du choc lié au changement climatique supposent ne pas pouvoir se relever un an après l’incident (PAM, 2014). Il est ainsi primordial de trouver comment gérer les risques des catastrophes naturelles entre autres celles liées au changement climatique qui affectent généralement les plus vulnérables. Le renforcement de la résilience des populations pauvres et vulnérables vivant dans les zones à risque face à l’insécurité alimentaire causé par le changement climatique doit être admis comme objectif ultime des interventions. La gestion et la réduction des risques constituent un point d’entrée au renforcement des capacités adaptives des ruraux vulnérables. Sur le terrain, la réponse post catastrophe est relative à la promotion de semences améliorées à cycle court et tolérantes aux inondations, la diversification culturale pour éviter la perte de récolte et assurer l’accès aux aliments et la diversification de revenu. Les accompagnements techniques vont de pair avec ces actions. Le fait de faire des cultures à cycle court ouvre l’opportunité de deux saisons culturales. L’approche Sécurité Alimentaire/Réduction de Risques Climatique (SA/RRC) doit favoriser l’utilisation des moyens disponible au niveau paysan pour faciliter l’adoption (FAO Madagascar, 2012). De surcroît, la Grande Ile subit de plein fouet les conséquences économiques et sociales d’une longue crise politique qui a gravement affecté l’économie du pays et contribué à l’appauvrissement de la population. Le taux de croissance du PIB est tombé de 5,6 % à 1,8% pendant les 3 ans qui ont suivi (PAM, op. cit.). Les ménages pratiquent une agriculture de subsistance caractérisée par de faibles rendements, du manque d’intrants, d’outillage, d’infrastructures et du recours à des techniques traditionnelles. Les performances agricoles médiocres, face à une croissance démographique de 2,9 % par an, expliquent en grande partie la baisse persistante du revenu per capita. Les chocs climatiques récurrents s’ajoutent en situation aggravante aux difficultés de la population agricole. Entre 1980 et 2010, l’Ile a connu 35 cyclones et inondations, cinq périodes de sécheresse sévère et six épidémies. Chaque année, le pays connait 3 à 4 cyclones (PAM, 2014). A Madagascar, la situation de l’insécurité alimentaire est très préoccupante : un tiers des ménages est dans une situation d’insécurité alimentaire très sévère et une très grande majorité de la population a un régime très insuffisant en termes de quantité ou de qualité. Presque 58 % des ménages ont un régime alimentaire très pauvre en quantité ; et 60 % ont une Etat de l’art et méthodologie 20 alimentation extrêmement pauvre en qualité. Depuis 2005, surtout entre 2010 et 2012, la situation s’est dégradée dans la capitale (passant de 13 à 18,7%) en raison du ralentissement économique lié à la crise politique (PAM, op. cit.). La disponibilité du riz par tête s’était réduite de 160 kg/an dans les années 60 à environ 115 kg/an en 2005. Environ 8% de la population souffre d’insécurité alimentaire chronique (IAC) et un ménage sur deux connaîtrait une insécurité alimentaire temporaire ou saisonnière (IAS). La régularité des approvisionnements laisse souvent à désirer (EPP PADR, 2005). Les ménages à profil de consommation « pauvre » ont une alimentation à base de manioc pour 05 jours par semaine, de riz pour 03 jours par semaine et des légumes 03 jours par semaine. Ce régime alimentaire est loin de satisfaire les besoins nutritionnels minimum et révèle la situation d’insécurité alimentaire des ménages concernés. Les ménages à profil de consommation « limite » consomme du riz 6 fois par semaine en moyenne, du manioc, des légumes et du sucre un jour sur deux avec une utilisation rare d’huile dans leur repas. Les aliments à base de protides (légumineuses ou viande) sont introduits une fois par semaine. Les ménages à profil de consommation « acceptable » mangent du riz tous les jours et des légumes 5 jours par semaine. L’utilisation d’huile et de sucre est régulière, la viande et le manioc se mangent 3 fois par semaine (FAO & PAM, 2010). Les subventions et l’encadrement technique ont fait monté la production agricole mais les restrictions budgétaire lors de la crise l’a fait chuter. A ceci s’ajoute l’effet des caprices de la nature. La saison agricole 2012/13 a enregistré la plus forte diminution de la disponibilité des aliments de base, entre autres le riz, à cause du manque de pluviométrie et de l’invasion acridienne qui a décimé jusqu’à 50% des cultures vivrières des zones affectées. Dès lors, l’importation de riz, pour combler le gap, a doublé de son niveau habituel, 410 375 tonnes de riz contre 100 000 à 200 000 tonnes (PAM, op. cit.). Les principales causes de l’insécurité alimentaire à Madagascar sont en l’occurrence la pauvreté et le faible niveau des revenus agricoles, la faible productivité agricole, la dépendance des marchés et la difficulté d’accès au marché ainsi que la récurrence des chocs climatiques. 77% de la population rurale et 48,8% de la population urbaine vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Le revenu agricole annuel moyen d’un ménage agricole s’élève à environ Ariary 978 000 et 62% de leur dépense est occasionnée par l’alimentation du ménage. Ce qui reflète une grande vulnérabilité. A ceux-ci s’ajoutent « le facteur politique, l’absence de continuité des politiques gouvernementales et le manque de clarté dans les objectifs et l’affectation des ressources, l’insuffisance de la croissance économique, la mauvaise Etat de l’art et méthodologie 21 répartition des fruits de cette croissance, la croissance démographique non maîtrisée et la dégradation des conditions de sécurité » (PAM, op. cit.). « Le défi qui se pose pour Madagascar est de pouvoir toucher au moins le quart des populations vulnérables et à risque. Ceci nécessite à la fois l’intégration effective de la dimension Changement climatique et la gestion/ réduction des risques dans les politiques/plans/programmes sectoriels de l’agriculture (y compris élevage et pêche), ainsi que des financements plus substantiels » (FAO Madagascar, 2012). Afin de protéger les acquis et les réalisations, la recherche doit étendre ses recherches sur les ennemis de la culture en l’occurrence les ravageurs, les insectes et les maladies phytopathologiques qui trouvent des conditions de développement favorables avec le changement climatique. A noter qu’en particulier, l’agriculture à Madagascar est fortement tributaire de la pluviométrie (FAO & PAM, 2010). Pour redresser la situation et instaurer la sécurité alimentaire, les recommandations des experts portent sur l’intensification des opérations d’urgence telles que l’aide alimentaire aux plus démunis, la fourniture d’intrants agricoles ainsi que de soins vétérinaires et phytosanitaires. Le gouvernement Malagasy a conçu avec ses partenaires financiers et techniques le Plan National pour la Sécurité Alimentaire en 2005 afin de coordonner les programmes de lutte contre l’insécurité alimentaire. L’objectif de ce plan était de « réduire de 50% l’effectif des personnes vulnérables à l’horizon 2015» (EPP PADR, 2005). Tout comme l’Objectif du Millénaire pour le Développement, cet objectif est raté si l’on se réfère aux statistiques susmentionnées. Il est à noter que la région d’Alaotra Mangoro où se trouve la zone d’étude, possède la meilleure consommation alimentaire avec 82% de ménages ayant un profil « acceptable » (ibid.). Mais la situation n’a pas vraiment évolué dans cette région (PAM, 2014). Les pertes des surfaces arables dues à l’ensablement constituent aussi un des majeurs problèmes de l’agriculture pour certaines communes ; cette perte est estimée à environ 10 % annuellement (op.cit., FAO & PAM).

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