ÉTUDE NARRATOLOGIQUE DES FABLES DE LA FONTAINE

ÉTUDE NARRATOLOGIQUE DES FABLES DE LA
FONTAINE

La narratologie, les jeux vidéo et les médias

Lřinfluence des numériques, des jeux vidéo et des médias est, aujourdřhui, très actif dans le champ des « études narratives ». Selon Marc Marti, « le jeu vidéo fait lřobjet dřun intérêt récent de la part de la recherche universitaire » 174 . Pierre-Yves Hurel analyse ce fait doublement : sa contemporanéité et son interactivité175 . Sébastien Genvo confond lřactivité du cinéma (projection et images) aux jeux vidéo. La relation avec le récit est le résultat du principe selon lequel les images qui se profilent suivent un schéma chronologique de la narration. Le jeu vidéo relate un événement, une histoire qui se présente sur un modèle chronologique (début, milieu et fin), dans un cadre spatio-temporel où évoluent des personnages. Cette idée de la narration dans le jeu vidéo justifie la prise en compte de ce domaine par la narratologie actuelle : En revendiquant un lien avec le récit, les auteurs affirment que, tout comme le cinéma, les jeux vidéo procèdent d’un acte narratif. Mais alors que dans une salle de cinéma toutes les images composant la pellicule sont présentées dans l’ordre établi par le monteur, c’est au joueur, dans un jeu vidéo, de diriger le récit des événements. C’est justement parce que l’on est avant tout dans un jeu que plusieurs théoriciens considèrent que le modèle narratif n’est pas satisfaisant pour prendre en compte ses spécificités et revendiquent la formation d’une discipline consacrée, la ludologie Alors, le cinéma apparaît dans le domaine de la narratologie actuelle car corroborant les mêmes principes de fabrication du récit et offre la possibilité dřanalyse narrative.

La narratologie médiatique

La médiatique soutient plusieurs acceptions. Celles quřen donne Le Robert se rapportent aux médias ou aux moyens de diffusion, de distribution et de transmission de signaux porteurs de messages écrits, sonores, visuels ( presse, cinéma, radio, télé, vidéo), internet. Le sens global que recouvre le concept colle avec la conception de Philippe Marion dont le fondement tourne autour des idées, des formes et des personnages dans plusieurs formes dřexpressions  . Marc Lits examine la médiatique sous lřangle linguistique sans mettre en rade la valeur narrative : Pour analyser le récit médiatique, il faut élargir lřacception de la linguistique textuelle et réinvestir le terme Ŗrécitŗ de tout le poids de refiguration expérientielle et sociale que lui donne P. Ricœur dans la boucle mimétique, et particulièrement par le rôle particulièrement important octroyé à la mimèsis III. Il faut aussi tenir compte de řamplitude narrative forte que prend tout objet textuel, dans le champ médiatique contemporain178 . Lřessentiel de la narratologie médiatique insiste sur lřintégration de lřanalyse des récits dans une situation de communication narrative des médias très caractéristique de la narration du moment qui condense une dimension communicationnelle et énonciative significative. Dans toutes les formes de médiats (la télévision, la radio et la presse écrite), se dévoilent un émetteur, un récepteur, un message et un contexte de réalisation. Selon Philippe Marion, si ce principe est valable dans les médiats, cřest parce que les théories narratologiques peuvent sřy appliquer :Appréhender la singularité différentielle dřun média, cřest tenter dřen saisir la Ŗmédiativitéŗ. Celle-ci rassemble tous les paramètres qui définissent le potentiel expressif et communicationnel développé par le média. La médiativité est donc cette capacité propre de représenter Ŕet de placer cette représentation dans une dynamique communicationnelle . En plus de lřénonciation, lřespace et le temps, présents dans le discours constituent une illustration de lřanalyse narratologique. Le message insinué par les médias peut relater un fait. De ce fait, les mêmes outils qui fondent lřétude du récit textuel trouveront toute leur essence dans les récits médiatiques : Malgré quelques affleurements irréfutables, le récit semble gagner en complexité lorsque la fonction narrative se déplace et sřétoile au gré des territoires des médias. Face à cette évidence complexe du récit médiatique, face aussi aux perspectives de recherche que laisse entrevoir la narratologie médiatique, le texte qui suit repose lui aussi sur lřarticulation dřun double mouvement 0 . Lřexamen que donne Philippe Marion à médiatique semble reposer sur la simplicité. Déjà, le mot renvoie à médias. De ce fait, le récit médiatisé ne représente quřune histoire portée par un discours destiné à un public. On sait que le médiatique renvoie dřabord à Ŗtout ce qui est relatif aux médiasŗ , et plus spécifiquement aux grands médias de masse de notre époque. Ainsi pour être ou devenir médiatique, un récit ne doit-il pas simplement être médiatisé ? Cřest-à-dire se laisser mettre Ŗen représentationŗ par une instance de production qui va se charger de le transmettre massivement au public  . La simplicité que défend Marion ne semble pas occulter le contexte de production et de réalisation du discours médiatique. Dans son entreprisse, un ensemble de facteurs entrent en ligne et lui donnent toute son essence. Il sřagit, par delà les conditions de production et de diffusion du message, des moyens dřexpressions mis en jeu. Cette complexité est consignée dans les propos de Pierre-Yves Hurel : 179Philippe Marion « Narratologie médiatique et médiagénie des récits », article cité, p. 80. 0 Ibidem, p. 62 1Ibidem, p. 76. 90 À la suite de Philippe Marion (97), l’on abordera les critères de la narratologie médiatique. Il s’agit cette fois d’établir les nouveautés du numérique en prenant en compte : les conditions de diffusion et de circulation, les modalités de consommation, la nature du média et dispositif technique et les types de matériaux sémiotiques d’expression mobilisés par le média2 . Finalement, le récit médiatique, comme tout autre récit, littéraire ou non littéraire, porte les germes dřun modèle de composition que la narratologie pourrait prendre en compte. Il nřest que la représentation dřun écrit destiné à un public. Seulement, dans son élan dřanalyse, le contexte de réalisation et de fonctionnement entre en jeu.

L’interaction en narratologie

Inspirée par les théories de la réception, lřinteraction examine les rapports entre émetteur /récepteur. Dès lors, la narratologie interactionniste qui constitue une donne essentielle de la narratologie moderne, fonctionne sur le modèle structuraliste et formaliste tout en insistant sur lřinteraction : « Ce point de vue interactionniste rejoint certaines préoccupations des approches formalistes et structuralistes tout en enrichissant le point de vue de la réception3. Sur le schéma de Saussure, lřinteraction était en gestation. Le linguiste souligne, dans lřune de ses analyses, les rapports dřinteraction des structures linguistiques et jette, de prime abord, les fondements de la narratologie interactionniste. De ce fait, lřorigine de la narratologie se situe dans la linguistique saussurienne qui signale que lřinteraction gouverne les unités linguistiques et fonctionnelles du récit : Si on y ajoute ces deux autres principes, également saussuriens, que la langue est forme, non substance, et que les unités de la langue ne peuvent se définir que que par leurs relations, on aura indiqué les fondements de la doctrine qui allait, quelques années plus tard, mettre en évidence la structure des systèmes linguistiques4 . André Petitat et Raphaël Baroni proposent, comme Propp, une autre schématisation ou classification des contes, mais cette fois ci, en tenant en compte de la dimension interactive et en se fondant sur la pluralité des séquences narratives : Par rapport à lřanalyse formelle de Propp, lřapproche interactionniste ne se contente pas de rendre compte du parcours stéréotypé privilégié par un certain genre de récits, mais elle met au contraire en évidence la pluralité des séquences narratives possibles auxquelles une situation particulière (lřordre, lřinterdiction, etc.) peut donner lieu. Les récits folkloriques 3André Petitat et Raphaël Baroni, « Récits et ouverture des virtualités. la matrice du contrat », http://www.vox-poetica.org/t/articles/pbar.html. 4 Benveniste, Problèmes de linguistiquegénérale1, op. cit., p. 93. 92 présentent des variantes quasi inépuisables de ces situations interactives typiques5 . En ignorant pour le moment les actions liées à lřévaluation et à la régulation pour nous concentrer sur la forme purement régulière (non transgressive) du contrat, la Schématisation de cette interaction peut se faire en trois points: 1) Proposition. 2) Acceptation (ou refus). 3) Réalisation (simultanée ou différée)6 . La narratologie contemporaine sort de son carcan classique, dřenvironnement du récit littéraire et élargit ses frontières. Cřest pourquoi, elle est perceptible dans les bandes dessinées, dans les jeux vidéo et dans les médias. Lřinteraction entre aussi en jeu du fait que lřanalyse sert dřarrièreplan aux rapports entre le locuteur et le récepteur mais également entre les unités narratives qui structurent le récit.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : LA NARRATOLOGIE: ÉVOLUTION CONCEPTUELLE
CHAPITRE 1 : QUřEST-CE QUE LA NARRATOLOGIE ?
CHAPITRE 2 : LA NARRATOLOGIE CLASSIQUE ET
NARRATOLOGIE POST-CLASSIQUE
CHAPITRE 3 : LES AVATARS DE LA NARRATOLOGIE
CHAPITRE 4 : LA NARRATOLOGIE ET LES ÉCRITURES SUBVERSIVES
DEUXIÈME PARTIE : LA SÉMIOTIQUE NARRATIVE OU LES STRUCTURES DES FABLES
CHAPITRE V : VLADIMIR PROPP
CHAPITRE VI : CLAUDE BREMOND
CHAPITRE VII :ALGIRDAS-JULIEN GREIMAS ET JEAN-MICHEL ADAM
CHAPITRE VIII : LES AUTRES MODÈLES DE STRUCTURARTION DES FABLES
TROISIÈME PARTIE : LES COMPOSITIONS DES FABLES
CHAPITRE IX : LES PERSONNAGES
CHAPITRE X : LřESPACE
CHAPITRE XI : LE TEMPS
CHAPITRE XII : LE MODE
CHAPITER XIII :LES VOIX
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
INDEX

 

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