La consubstantialité du signe mises en regard des premières théories fondatrices modernes

La consubstantialité du signe mises en regard des premières théories fondatrices modernes

Élucidations liminaires

Que nommons-nous concept, signifiant, signifié et référent ? Posons tout d’abord trois niveaux dont les deuxième et troisième sont inspirés de Benveniste (1966b : 225) et que nous analyserons en 1.2.3.1 : le niveau pré-sémiotique impliquant un concept, le niveau sémiotique du signifiant-signifié et le niveau sémantique correspondant au sens détectable en discours.

Le concept

Nous nommerons ici concept l’idée relevant du niveau profond de la pensée et qui donc s’avère antérieur à la sémiotisation. C’est donc le niveau du pré-signifiant et du présignifié, et non celui des signifiant et signifié linguistiques. Un concept pourra à ce titre subsumer plusieurs signes. Cela correspond à ce que Bohas nomme une notion générale et Philps, une notion (cf. 2.3.1 et 2.3.2.2, respectivement). Par ailleurs, en tant que situé en amont du niveau linguistique, il sera considéré comme plus ou moins universel. 

Le signifiant

Il est possible selon nous de définir le signifiant comme une partie du signe linguistique rattachée à un signifié et servant à l’expression ; donc par là même sujet à des modifications, à des (re)motivations, à des altérations auxquelles les sujets parlants contribuent collectivement et inconsciemment ou bien, dans un cadre poétique, parfois individuellement et consciemment. Il est ainsi soumis aux lois, aux règles et autres contraintes la consubstantialité du signe mises en regard des premières théories fondatrices modernes 35 dues au système, et devient un signal. Pour autant, le signifiant, s’il ne correspond pas uniquement au mot, il n’est ni un simple matériau ni un phonème. Seul le morphème est apte puisque associé à un signifié. C’est ce que précise Delport dans l’article inaugural de la revue Chréode : Par une confusion terminologique indue le signifiant est assimilé aux éléments, distinctifs et non significatifs, avec lesquels chaque langue construit ses unités significatives, ses morphèmes, ses signifiants minimaux; assimilés par conséquent aux phonèmes qui, précisément, ne sont pas les signifiants mais le matériau dont sont faits ces signifiants. Le morphème-signifiant constitue alors un repère car tout ce qui se situera en amont ne sera précisément pas signifiant mais aura un statut différent que nous avons déterminé comme conceptuel. Par ailleurs, le signifiant lexical doit être distingué du signifiant grammatical comme vu en introduction, car le lexique ne semble posséder ni la stabilité ni la systématique du système grammatical (cf. 2.2.2, la notion de « plus grande suffisance expressive » selon Guillaume), ou plutôt pas selon les paramètres qui lui sont usuellement appliqués. Le signifiant demeure, de notre point de vue et pour toutes ces raisons, un des meilleurs prismes d’analyse du signe tout entier et du système dont il fait partie.

Le signifié

Le signifié, membre du signe, est ce qui tolère l’ensemble des emplois discursifs conjointement avec le signifiant. Son statut est donc tout aussi linguistique que la face visible. En outre, comme l’écrit Marie-France Delport : [f]açonné en sorte qu’il puisse contribuer à référer, en combinaison discursive, à la multiplicité des cas que l’expérience produira, il faut qu’il dise bien peu de ce qui caractérise chacun de ces cas et que ce peu soit commun à tous. Il faut imaginer un signifié « léger », aussi éloigné que possible des matières à la saisie desquelles il prêtera son concours, aussi abstrait que possible par rapport à elles, extrêmement simple sans doute et d’autant plus que ses pouvoirs seront plus étendus.18 Ainsi, le signifié apparaît comme « la représentation d’une ou plusieurs propriétés communes aux conceptualisations d’expérience que le signifiant suffit à évoquer. »19 Nous souscrivons à cette idée et il sera donc conçu ici comme toujours uni au signifiant et mêmement unique. 

Référent et référence

Le terme de référent, ou l’expression objet phénoménal renverront comme traditionnellement à ce à quoi réfère un signe donné, concrètement ou abstraitement. La 17 Delport (2008 : 13). C’est l’auteur qui souligne. 18 Delport (2004 : 33). 19 Delport (2004 : 34). 36 notion de référence représentera, quant à elle, l’ensemble des référents auquel renverra ledit signe par un processus de désignation précis. Nous utiliserons donc la terminologie de capacités référentielles mais également de celle de sens. (cf. 1.2.3.4). Or, si nous allons avoir dans ce travail un usage parfois spécifique des notions cvidessus, quelques-unes d’entre elles avaient déjà été perçues par Wilhem von Humboldt (1767- 1835) et évoquées sous une autre terminologie. Cela l’a amené à être le premier à l’époque moderne à prendre le parti du signifiant.

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