La coordination des événements

La coordination des événements

En 1984, nous participions avec quelques collègues, à titre d’assistant de recherche pour le compte du Groupe de Recherche sur I’Abitibi-Témiscamingue, à l’élaboration d’un plan de développement de la station Ski mont Kanasuta. Ce mandat confié par la corporation Centre plein air du mont Kanasuta, a suscité notre premier intérêt pour le domaine du ski alpin. Après la réalisation de cette étude, nous nous sommes intéressés à sa mise en oeuvre et avons accepté d’être le principal artisan du développement de la station pendant quatre ans. En effet, dès sa création en 1986, nous fut confié le poste de directeur général dont les tâches consistaient à mettre en oeuvre les programmes de développement des infrastructures et ceux de la structure de fonctionnement. C’est spécifiquement pour contrer les difficultés rencontrées dans la réalisation de la reconstruction de la station que nous avons proposé au conseil d’administration d’alors, 42 de nous confier un mandat qui nous permettrait d’assurer un avenir à l’organisation sur des bases solides, et d’ainsi éviter le cycle auquel font face plusieurs OSBL, de réorganisations en restructurations qui coïncident souvent avec les nombreux changements des dirigeants. Nous acceptions ainsi le mandat d’élaborer dans un premier temps le cadre d’une planification stratégique de l’organisation à partir des recherches que nous ferions sur les organismes sans but lucratif, et avec le concours du groupe de dirigeants principaux de l’organisation, soit les membres du comité exécutif. Dans un deuxième temps, nous visions à animer le groupe de dirigeants dans le but d’initier certains changements. Ce n’est qu’en 1989 que la recherche put être enfin initiée dans le cadre des exigences menant à l’obtention du diplôme de Maîtrise en Gestion des PMO. L’intérêt suscité par certaines caractéristiques observées depuis plusieurs années dans une OSBL, nous incitait à relancer cette recherche sur le terrain afin d’identifier un processus de planification stratégique d’application possible à ce type d’organisation. En mai 1990, nous quittions définitivement l’organisation qui faisait l’objet de l’étude et ne pouvions visiblement envisager d’entreprendre les actions nécessaires pour susciter l’émergence de solutions aux problèmes identifiés. Il nous fallut en conséquence identifier à nouveau un cadre méthodologique qui assurerait à l’étude sa dimension de recherche. La prochaine section trace le cheminement suivi. 

Méthodologie de l’étude

La recherche est un mode d’acquisition de connaissances. Pour le chercheur les processus de la recherche sont à la fois inductifs et déductifs en ce sens que celui-ci appréhende un réel dans des conditions spécifiques pour en construire des modèles et des théories qu’il retournera au réel pour les valider. Le Conseil des sciences du Canada définit deux types de recherche, la recherche fondamentale et la recherche appliquée. « La recherche fondamentale est une investigation originale entreprise en vue d’acquérir de nouvelles connaissances scientifiques et une meilleure compréhension des phénomènes. » « La recherche appliquée est une investigation originale entreprise en vue d’acquérir de nouvelles connaissances scientifiques pour les appliquer à la résolution de problèmes techniques ou pratiques » Dans le domaine des organisations, les acteurs sont amenés à poser des gestes dans le sens d’objectifs préalablement fixés. Ces gestes sont des décisions de natures différentes mais qui concourent toutes à l’atteinte des objectifs. Il y a dans les organisations des situations perçues dont quelques-unes sont vécues comme des malaises, et c’est par des processus décisionnels que les acteurs feront varier les conditions de ces situations. Le rapprochement de la connaissance scientifique et de l’organisation s’effectue au niveau de la recherche appliquée telle que définie plus haut, à travers des mécanismes de résolutton de problèmes. La recherche vient ajouter au 44 savoir, qui éventuellement trouvera son application dans l’action, c’est-à-dire dans l’organisation. Notre intervention comme chercheur, est du domaine des organisations. Elle vise à vérifier un savoir qui est adapté des connaissances scientifiques actuelles dans le domaine des organisations. Au cours de cette intervention, nous avons cependant agi comme l’un des principaux acteurs, puisque notre rôle était celui de l’un des dirigeants dans l’organisation à l’étude. Ce rapprochement entre la recherche (vérification d’un savoir), et l’action (notre rôle comme acteur), situe notre recherche dans le cadre de la recherche-action. Afin de bien situer ce cadre de recherche reprenons la définition que nous proposent le Groupe d’étude sur la recherche-action: La recherche-action est un processus dans lequel les chercheurs et les acteurs, conjointement, investiguent systématiquement un donné et posent des actions, en vue de solutionner un problème immédiat vécu par les acteurs et d’enrichir le savoir cognitif, le savoir-faire et le savoir être, dans un cadre éthique mutuellement accepté. 1 Cette définition de la recherche-action a selon nous une portée limitée puisqu’elle semble exclure toute intervention qui n’aurait pas comme objet la résolution immédiate d’un problème. Elle a cependant le mérite de préciser quelques conditions de son application, soit l’association entre chercheurs et acteurs dans l’investigation d’un donné, ainsi que l’enrichissement du savoir cognitif (intellectuel) mais aussi du savoir-faire (expérience, habiletés) et du savoir être (personnalités, attitudes valeurs) 1 . Goyette et Lessard-Hébert font par ailleurs une remarque pertinente sur ce concept de recherche-action qui est, écrivent-ils, « un macro-concept, signe et porteur de complexité »2 . Il faut éviter ajoutentils, « toute simplification rapide qui en réduirait notre compréhension »3 . Car la notion de recherche-action comporte encore actuellement un flou, une ambigu »1lé4 . Elle peut, toujours selon Goyette et Lessard-Hébert, jouer un rôle critique face à la science traditionnelle. « Dans cette critique, non seulement les méthodes et les critères de scientificité peuvent être remis en cause, mais également le rôle même de la science et, par là, le choix des problèmes étudiés et l’articulation des liens entre théorie et pratique »5 . La recherche-action s’inscrit ainsi dans une sorte de renouveau scientifique qui a suscité une diversité d’orientations et donné lieu à l’émergence de typologies diverses, conçues dans le but d’en préciser les différentes dimensions. L’une de ces typologies nous est proposée par Henri Des roche 1 qui définit trois dimensions à la recherche-action: Tableau IV Classification des types de recherche-action de Desroche 1. Une recherche d’explication ou une recherche sur l’action mais sans action, qui vise à identifier les déterminants de l’action, ou les effets de celle-ci dont elle serait la cause. 2. Une recherche-d’application ou une recherche pour l’action, dans laquelle le chercheur propose une solution; dans ce cas, l’acteur considère les alternatives proposées par le chercheur et effectue ses choix. 3. Une recherche d’implication ou une recherche par l’action dans laquelle le chercheur est impliqué dans l’action et l’acteur impliqué dans la recherche. 

Les finalités de l’étude

Notre recherche s’inscrit donc dans le cadre de la recherche-action. Elle constitue une investigation d’un réel équivalent à un système social. Sur un plan purement théorique, les finalités d’une recherche du type de la recherche-action sont identifiées comme: -des finalités de recherche -des finalités d’action -des finalités de formation/perfectionnement Cette typologie des finalités et fonctions de la recherche-action définie par Goyette et Lessard-Hébert1 recoupe les finalités du Groupe d’étude sur la recherche-action2 , la finalité de recherche coïncidant avec l’enrichissement du savoir cognitif, la finalité d’action avec le savoir-faire et la finalité de formation/perfectionnement avec le savoir être, puisque la perfectionnement dont il est question dans cette typologie s’adresse aux personnes c’est-à-dire aux acteurs du système. Nous affirmons que notre étude convient à ces trois ordres de finalités. Elle participe en effet à l’enrichissement du savoir cognitif en ce qu’elle tente de vérifier la pertinence de l’application d’un modèle issu des connaissances scientifiques homologuées, dans un système social. Elle possède donc une finalité de recherche. Par ailleurs, elle enrichit le savoir-faire en ce que le processus que constitue le modèle de planification stratégique applicable aux OSBL, est en mesure de contribuer à la réduction de l’écart entre la situation vécue et la situation désirée. Elle possède également une finalité d’action dans une application du savoir. Enfin, elle enrichit le savoir être, en ce que la réflexion qu’elle a suscitée chez les acteurs constitue en elle-même une contribution à leur développement personnel. En ce sens, elle possède une finalité de formation/perfectionnement. Cette étude fait le pont entre la recherche et l’action. C’est en effet à partir de l’action qu’elle enrichit la connaissance, et que l’action s’enrichit de la connaissance par l’application d’un modèle de planification. 

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