La libéralisation financière et croissance économique

La libéralisation financière et croissance économique

La littérature économique s’est de plus en plus concentrée sur l’étude de la relation qui existe entre la libéralisation financière et la croissance économique. Ces travaux ont cherché à identifier les canaux par lesquels la libéralisation financière exerce son effet sur la croissance économique. La majorité des études empiriques relatives à ce sujet de l’impact de la libéralisation financière sur la croissance économique ont essayé d’ajouter à un modèle de croissance de base comportant plusieurs variables (degré de scolarisation, investissement, croissance démographique, etc.) et des indicateurs du degré de libéralisation financière c’est ce qu’on va voir dans cette section. 1-Les canaux de transmission de la libéralisation financière vers la croissance économique : Les travaux de McKinnon et Shaw ont cherché à identifier les canaux par lesquels la libéralisation financière exerce son effet sur la croissance économique. Si l’on se réfère à la théorie néoclassique, il existe plusieurs canaux par lesquels la libéralisation financière affecte positivement la croissance économique.

Nous allons nous intéresser aux canaux de transmission à travers lesquels les améliorations sont censées se réaliser. Les motifs usuels sont l’accroissement de l’épargne et par conséquent le niveau de l’investissement par la baisse du coût du capital grâce à la libéralisation du compte de capital (Quinn [1997]) ou le marché des titres (Bekaert et alii [2001a]). Le développement du marché des titres doit faciliter le recours au marché par les entrepreneurs, en réduisant les coûts d’intermédiation bancaire tout en permettant une amélioration de la rémunération de l’épargne (Fuchs-Schundeln et Funke [2001]). L’amélioration de l’efficience, pour une augmentation de la diversification des risques permettant une meilleure mobilisation (Edison et alii [2002b], McLean et Shrestha [2002], et allocation de l’épargne (Areta et alii [2001]). L’accroissement du rôle du système bancaire dans la fourniture de crédit à l’économie joue également un rôle déterminant dans l’accès à l’épargne (Tornell et alii [2003]). Enfin, l’ouverture du compte de la libéralisation financière et croissance économique.

Chapitre III La libéralisation financière et la croissance économique 133 capital en autorisant plus aisément les IDE doit favoriser les transferts technologiques (McLean et Shrestha [2002])1 . Il existe des canaux directs et des canaux indirects par lesquels la libéralisation financière affecte positivement sur la croissance économique ce qui est expliqué dans la figure3-2: Figure 3-2 : les canaux de transmission de la libéralisation financière vers la croissance économique. Source : Bensalha O. : « libéralisation financière, crise bancaire et croissance économique » ; Octobre 2003, Université de Tunis. 1-1) Les canaux directs: Ce sont les canaux qui ont un impact direct sur la stimulation de la croissance économique. 1- L’augmentation de l’épargne: la libéralisation financière augmente l’épargne et encourage l’investissement par l’accroissement du capital et la baisse de ces coûts grâce à la libéralisation du compte de capital ou le marché des titres. 2- La réduction du coût du capital: l’amélioration de l’efficience pour une augmentation de la diversification et une meilleure gestion des risques permettant une meilleure mobilisation et allocation des ressources.

La stimulation du système financier domestique

la libéralisation financière stimule le développement financier des pays par l’accroissement du rôle du système bancaire dans la fourniture de crédit à l’économie joue également un rôle déterminant dans l’accès à l’épargne.

Le transfert du savoir-faire technologique et managérial (l’innovation technologique) 

L’ouverture du compte de capital en autorisant plus aisément les IDE doit favoriser les transferts technologiques ce qui va augmenter le volume de la production, aussi la qualité des produits intérieurs et par conséquent la croissance économique. 

Les canaux indirects

C’est les canaux qui ont un impact indirect sur la stimulation de la croissance économique. 1- L’autorisation de la libre circulation des capitaux : l’absence d’obstacles à la circulation des capitaux assure un financement plus rapide et efficace des activités de production et d’investissement de l’économie. 2- L’adoption d’une politique économique saine avant d’entamer l’application d’une politique de libéralisation financière. 3- La promotion de la spécialisation dans la production : la privatisation dans le secteur de la production va stimuler la croissance économique. 2- Revue de la littérature empirique :  L’étude de Grilli and Milesi-Ferretti (1995)1 : Cette étude a analysé la croissance du revenu par habitant pour la période comprise entre 1950 et 1989, et sur un échantillon de 61 pays. Ils estiment une régression des taux de croissance sur cinq ans tout en utilisant l’indice Share comme indicateur de libéralisation financière externe. Cet indice est tiré du rapport annuel sur les régimes et les restrictions de change (AREAER). Leur régression contenait des variables telles que le revenu initial, le degré de scolarisation, etc. Leurs résultats ne confirment pas l’hypothèse d’un effet positif de la libéralisation du compte de capital sur la croissance. 

L’étude de Quinn (1997)

Cette étude a été l’une des premières à dégager un lien favorable entre la libre circulation des flux de capitaux et la croissance. Quinn a créé son propre proxy afin de mesurer le degré de restriction imposé sur le compte capital. Cet indicateur se base essentiellement sur celui publié par le FMI dans son rapport annuel sur les régimes et les restrictions de change. L’avantage de cet indicateur est qu’il tient compte de l’intensité des restrictions et non de son existence ou pas. L’étude empirique de Quinn établit un effet positif, fort et significatif, de la libéralisation de compte capital sur la croissance du PIB réel par tête, et ceci pour la totalité de l’échantillon composé de 58 pays sur la période s’étalant de 1975 à 1989.  L’étude de Rodrick (1998)2 : Rodrick a conclu également que la libre circulation des mouvements de capitaux n’exerce aucun effet sur la croissance économique. Ses régressions de croissance comprenaient outre le revenu initial par habitant, le taux de scolarisation secondaire, etc. un indice du niveau de la qualité institutionnelle des établissements publics. Sur un échantillon de 95 pays, développés et en voie de développement, il n’observe pas d’effet significatif de cette déréglementation sur la variation du revenu réel par habitant pour la période comprise entre 1975 et 1989. De même, il ne dégage aucun rapport entre la déréglementation des flux de capitaux et l’investissement. 

L’étude de Kraay (1998)3 : Afin de tester l’effet de la déréglementation des mouvements de capitaux sur la croissance, Kraay a utilisé trois indices de l’ouverture du compte de capital, notamment l’indicateur Share, l’indicateur d’ouverture de Quinn, et un indicateur fondé sur les flux nets réels de capitaux. Chacun de ces indices est associé à un échantillon de taille différente (117 pays en totalité). Il a réalisé des régressions transversales où la variable dépendante est l’augmentation de la production entre 1985 et 1997. Kraay n’a pas détecté d’effet significatif de l’indice Share ni de l’indicateur de Quinn sur la croissance, et il affirme que les avantages de la libéralisation du compte capital ne se réalisent que dans les pays contenant des institutions saines, et que les avantages de la déréglementation, lorsqu’ils existent, seront compensés par la plus grande volatilité qu’elle suscite. Par la suite, l’effet positif anticipé de l’ouverture n’est pas toujours évident. 

L’étude de Klein and Olivei (1999)

Ces auteurs ont cherché à démontrer le rôle de la libre circulation des mouvements de capitaux sur le développement financier et l’effet de ce dernier sur la croissance. De ce fait, ils estiment un modèle de croissance qui tient compte de la variable approfondissement du marché des capitaux comme indicateur du degré du développement financier. Leur échantillon comprenait 92 pays développés et en développement, quant à l’indicateur de l’ouverture financière, ils ont utilisé la variable share sur la période 1986-1995. Leur résultat était un peu imprévu puisqu’ils dégagent un effet positif de la libéralisation financière sur la croissance que dans les pays industrialisés. Selon Klein et Olivei, leurs résultats proviennent essentiellement du fait que le niveau du développement financier n’est pas le même entre les pays de l’échantillon étudié.

D’après ces auteurs, le développement financier est jugé comme étant un déterminant significatif de la croissance et que les effets bénéfiques de la déréglementation des mouvements de capitaux ne peuvent se produire que lorsqu’il existe un ensemble d’institutions susceptibles d’accompagner les changements amenés par la libre circulation des capitaux.  L’étude d’Edwards (2001)2 : Cet auteur a estimé ses régressions par la méthode des moindres carrés généralisés sur un échantillon hétérogène comprenant des pays développés et autres en développement (62 pays), en prenant l’indicateur de Quinn comme proxy de mesure du degré de l’ouverture du compte capital sur la période 1980-1989. Il a abouti que l’ouverture du compte de capital freine la croissance dans les pays à faible revenu, mais la stimule dans les pays industrialisés. 

L’étude d’Arteta, Eichengreen and Wyplosz (2001)3 : Ces auteurs ont estimé leurs régressions par plusieurs méthodes sur un échantillon hétérogène comprenant des pays développés et autres en développement (61 pays), en prenant l’indicateur de Quinn comme proxy de mesure du degré de l’ouverture du compte capital sur la période 1973-1992. Ils ont abouti que l’ouverture du compte de capital freine la croissance dans les pays à faible revenu notamment les pays en développement, mais la stimule dans les pays industrialisés (pays développés). D’après ces auteurs, le degré de stabilité macroéconomique peut être derrière cette différence entre les deux groupes de pays.

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