L’éducation thérapeutique du patient 

LA CLASSIFICATION DES PATHOLOGIES CHRONIQUES 

Les maladies chroniques sont pour la plupart des pathologies non transmissibles et elles peuvent être classées en 5 grandes catégories :
Les maladies cardiovasculaires :c’est à dire l’ensemble des pathologies touchant le cœur et les vaisseaux sanguins tel que : les cardiomyopathies (dysfonctionnement intrinsèque du myocarde avec une diminution de la capacité à pomper le sang ) , l’insuffisance cardiaque (un syndrome dû à l’incapacité du cœur à répondre de manière efficace aux besoins de l’organisme ) , l’angor ou l’angine de poitrine (rétrécissement de l’artère coronaire provoquant des douleurs thoraciques , les troubles du rythme cardiaque et les post IDM et post AVC ( l’IDM et l’AVC restent des formes aigues des pathologies cardiovasculaires).
Les maladies respiratoires : des maladies affectant l’ensemble des voies aériennes et les poumons exemple : l’asthme (inflammation chronique des bronches associée à une bronchoconstriction), la broncho-pneumopathie chronique obstructive (rétrécissement progressif et obstruction permanente des voies aériennes et des poumons qui entrainent une gêne respiratoire).
Le diabète sous toutes ses formes : diabète insulinodépendant, diabète non insulinodépendant, diabète gestationnel, diabète iatrogène …
Les pathologies chroniques d’origine infectieuse : infections dues au VIH , VHC , VHB. Ce sont des maladies transmissibles qui étaient auparavant aigues avec une faible espérance de vie mais qui sont devenues aujourd’hui chroniques grâce au progrès scientifique.
Les formes chroniques du cancer : cancer de la prostate, leucémie myéloïde chronique, certains cancers du sein, cancer du poumon …
D’autres pathologies peuvent se greffer à cette liste comme : Les pathologies endocriniennes exemple : l’hyper et l’ hypothyroïdie. Les pathologies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer et le parkinson. Les troubles neuropsychique dont la dépression et la schizophrénie. Les pathologies douloureuses chroniques : arthrose. Ou encore les maladies auto-immunes : le LED, la PAR, le psoriasis , l’eczéma…

VIEILLISSEMENT ET MALADIES CHRONIQUES 

Le vieillissement de la population mondiale est l ‘un des facteurs qui contribuent au développement des maladies chroniques, en effet la population humaine connait actuellement une restructuration profonde et un changement démographique sans précédent où la proportion des personnes âgées de plus de 60 ans est en accroissement continu alors que la proportion des jeunes de moins de 15 ans ne cesse de diminuer.
Les Nations Unis ont d’ailleurs publié un rapport alarmant de cette situation dont je vous note ici quelques points :
En 2002, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans était de l’ordre de 629 millions. Ce chiffre atteindrait les 2 milliards à l’horizon de 2050 dont plus de 400 millions de personnes auraient plus de 80 ans.
Une baisse de la mortalité qui est due à une augmentation du taux de fécondité et un allongement de l’espérance de vie.
En France et vers 2050, 22,3 millions de personnes auront plus de 60 ans soit une augmentation de 80 % en 45 ans.
Actuellement en France, l’espérance de vie à la naissance correspond à 79 ans pour un homme et à 85 ans pour une femme.
Toutes ces données confirment ce phénomène de mutation démographique et alarment sur l’incidence sociale et économique qu’il a sur le monde.
Ceci étant dit, le vieillissement n’est pas le seul responsable de ce fléau, d’autres facteurs de risque sont liés eux aussi à l’expansion des pathologies chroniques tel que :l’obésité, tabagisme, alcoolisme, sédentarité, l’hypertension artérielle, pauvreté…

LA NOTION D’OBSERVANCE DANS LA MALADIE CHRONIQUE 

C’est un autre enjeu d’une prise en charge thérapeutique efficace. Le terme d’observance a été défini dans le dictionnaire 2 de l’Académie Nationale de Pharmacie comme «une observation fidèle, par un patient, des prescriptions concernant, par exemple, un régime et/ou un traitement. Est conditionnée par différents facteurs d’ordre émotionnel, cognitif, comportemental et social. Improprement désignée sous le nom de compliance». Quant à l’adhésion, elle signifie l’accord du patient avec la prise en charge thérapeutique que son équipe soignante lui a proposé. Elle repose sur de multiples critères déterminants comme : les capacités intellectuelles et cognitives du patient, ses représentations et croyances, du rôle que peut jouer les soignants dans l’explication de l’intérêt de chaque choix thérapeutique et de l’expérience du patient tout au long du traitement avec les éventuels effets indésirables et gènes ressenties.
Aujourd’hui, on estime que de 30 à 60 % des patients sous médication sont des mauvais observants et ne se conforment pas à la prescription du médecin ou aux conseils du pharmacien. En fait, ce problème touche toutes les catégories de patients mais il est particulièrement présent chez les patients atteints d’une affection de longue durée qu’ils soient grands ou petits.
En outre, L’inobservance est un ancien sujet qui date de la pratique médicinale sur lequel Hippocrate a dit : «Les malades mentent souvent lorsqu’ils disent qu’ils prennent leurs médicaments» et il constitue actuellement un vrai problème de santé publique et un enjeu majeur de la relation soignant-patient dont les causes sont multiples et variées avec des facteurs liés au patient ( nécessité d’un changement de comportement pour la prise quotidienne du médicament, les croyances et émotions personnelles pouvant le conduire à un état de déni de son problème de santé, son incapacité à gérer le traitement, la fausse perception de la non gravité de sa maladie à cause de son évolution pernicieuse, certaines représentations négatives sur les médicaments construites de ce qu’il entend à la télévision ou lit sur internet, les contraintes socio-économiques et le coût des médicaments, …) et des facteurs liés aux professionnels de santé (le manque de confiance et la relation paternaliste où le professionnel de santé fait figure d’autorité et qui est donc source de résistance des malades ).

CE QUE N’EST PAS L’EDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT

L’ETP est loin d’être l’unique modèle d’accompagnement des personnes basé sur une posture pédagogique, en effet il en existe plusieurs d’où l’importance de faire la distinction entre les différents concepts.
L’éducation pour la santé : Bien que l’éducation pour la santé et l’ETP sont les deux des composantes de la promotion de la santé qui reposent sur la même approche éducative, ces deux notions se différencient par leurs contextes d’apprentissage car contrairement à l’ETP où la personne qui est au centre de ces actions est atteinte d’une pathologie donnée et souffre d’un état de santé incompatible avec son comportement actuel, l’éducation pour la santé vise surtout les personnes en bonne santé de sorte à les aider à acquérir les connaissances nécessaires leur permettant de vouloir adapter un mode de vie sain et le conserver . Cela signifie que dans ce cas, les éducateurs ne sont pas gênés par la contrainte de temps qui joue contre le patient et peuvent de ce fait inscrire leurs actions dans la durée avec l’éventuelle possibilité de trouver le moment idéal pour inciter à l’appropriation de nouvelles habitudes sanitaires.
Les programmes d’apprentissage : Ces programmes se distinguent par des actions se limitant à apprendre au patient les gestes et techniques dont il a besoin pour une meilleure utilisation des traitements médicamenteux.

LES OUTILS ET TECHNIQUES UTILISES DANS L’EDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT

Les savoir-faire et savoir-être que le patient a besoin de mobiliser et de maintenir sont transmis par des pédagogies de dialogue qui tiennent compte d’une part du vécu et des expériences antérieures du malade et d’autre part de ses capacités d’apprentissage.
Parmi ces méthodes, il y a : Les techniques de communication : elles doivent être centrées sur le patient comme : L’écoute active, l’entretien motivationnel, l’empathie, l’encouragement.
Les techniques d’animation : Comme l’exposé interactif, l’étude de cas, le remue-méninges, la table ronde, les travaux pratiques, le jeu de rôle, la simulation de gestes et techniques, les témoignages, des documentaire, les activités sportives, les ateliers d’art et les activités de photo-langage… Les outils pédagogiques : Tel que les affiches, le classeur-imagier, les bande audio ou vidéo, les brochures,….
La carte conceptuelle : C’est une technique simple mais ludique utilisée en séance individuelle ou collective qui consiste à construire un schéma à partir d’un ensemble de mots clés tout en expliquant le lien qui les relie : freine, favorise, est, …
C’est l’une des techniques les plus connues en mind-mapping car elle permet de structurer un grand nombre d’informations en sollicitant les compétences de compréhension, de mémorisation et de créativité chez les patients.
Elle est préconisée aussi pour favoriser le dialogue et l’échange au sein du groupe afin que les patients puissent porter un regard critique et évolutif envers leurs représentations.

Table des matières

Introduction 
Première partie :Introduction à l’éducation thérapeutique du patient
I-1 les pathologies chroniques 
I-1.1 Définition
I-1.2 Classement des pathologies chroniques
I-1.2.1 Les maladies cardio-vasculaires
I-1.2.2 Les maladies respiratoires
I-1.2.3 Le diabète sous toutes ses formes
I-1.2.4 Les pathologies chroniques d’origine infectieuse
I-1.2.5 Les formes chroniques du cancer
I-1.3 Les données épidémiologiques
I-1.4 Vieillissement et maladies chroniques
I-1.5 La polymédication
I-1.6 La notion d’observance dans les maladies chroniques
I-1.7 L’impact économique
I-2 L’éducation thérapeutique du patient 
I-2.1 Définition
I-2.2 Ce que n’est pas l’éducation thérapeutique du patient
I-2.2.1 L’éducation pour la santé
I-2.2.2 Les programmes d’apprentissage
I-2.3 Historique de l’introduction de l’ETP
I-2.3.1 Au niveau international
I-2.3.2 Le rôle de l’OMS
I-2.3.3 En France
I-2.3.4 La loi HPST
I-2.4 Objectifs et finalités de l’ETP
I-2.4.1 Les compétences d’auto-observation
I-2.4.2 Les compétences d’auto-soins
I-2.4.3 Les compétences sociales et d’adaptation
I-2.5 Les quatre étapes de l’ETP
I-2.5.1 Première étape : le diagnostic éducatif
I-2.5.2 Deuxième étape : la définition d’un programme d’ETP personnalisé
I-2.5.3 Troisième étape : la mise en œuvre des séances d’ETP
I-2.5.3 Quatrième étape : l’évaluation du programme d’ETP mis en place
I-2.6 Les outils et techniques utilisés dans l’ETP
I-2.6.1 Les techniques de communication
I-2.6.2 Les techniques d’animation
I-2.6.3 Les outils pédagogiques
I-2.6.4 La carte conceptuelle
I-2.6.5 Le jeu de rôle
I-2.6.6 L’écoute active
I-2.6.7 L’entretien motivationnel
I-2.7 Les acteurs de l’ETP
I-2.7.1 La multi et l’inter-disciplinarité
I-2.7.2 Les professionnels de santé
I-2.7.3 Autres intervenants
I-2.7.3.1 Les associations de patients
I-2.7.3.2 Le patient expert
I-2.8 Les compétences requises pour l’ETP
I-2.8.1 Les compétences nécessaires pour dispenser l’ETP
I-2.8.1.1 Les compétences techniques
I-2.8.1.2 Les compétences relationnelles et pédagogiques
I-2.8.1.3 Les compétences organisationnelles
I-2.8.2 Les compétences nécessaires pour coordonner un programme d’ETP
I-2.8.2.1 Les compétences techniques
I-2.8.2.2 Les compétences relationnelles et pédagogiques
I-2.8.2.3 Les compétences organisationnelles
Deuxième partie : Etat des lieux de la pratique actuelle de l’ETP
II-1 État des lieux de l’ETP en Europe 
II-1.1 En Suisse
II-1.2 En Belgique
II-2 état des lieux de l’ETP en France
II-2.1 Avant la loi HPST-L’analyse organisationnelle et économique de la HAS
II-2.2 le développement de l’ETP après la loi HPST
II-2.2.1 L’étude de l’observatoire de la régionalisation
II-2.2.2 Analyse des programmes d’ETP actuels par OSCARS
II-3 Etat des lieux de l’implication des pharmaciens dans l’ETP 
II-3.1 La première enquête : « Pharmacien et éducation thérapeutique du patient :état
des lieux des pratiques en France
II-3.1.1 Résultats
II-3.1.2 Discussion
II-3.2 La deuxième enquête : « Etat des lieux de l’implication des pharmaciens
d’officine de la Haute-Vienne dans l’éducation thérapeutique du patient »
II-3.2.1 Résultats
II-3.2.2 Discussion
Troisième partie : les contraintes du déploiement de l’ETP dans les soins de premier recours et en officine
III-1 L’hospitalocentrisme des programmes d’ETP
III-2 L’absentéisme des patients et leur manque d’adhésion 
III-3 Les freins rencontrés par le pharmacien et autres professionnels de santé 
III-3.1 Une vision floue de l’ETP
III-3.2 L’accessibilité aux formations destinées à l’ETP
III-3.3 Le temps et la rémunération
III-4 Les freins économiques
III-4.1 Les modes de financement actuels des programmes d’ETP
III-4.1.1 Les financements publics
III-4.1.1.1 Les financements via la T2A
III-4.1.1.2 Les financements via les MIG
III-4.1.1.3 Les financements via le FIR
III-4.1.1.4 Les financements via les FIQCS
III-4.1.2 Les financements privés
III-4.2 les difficultés liées à ces modes de financement
III-5 Le manque de coordination 
III-6 L’évolution de la relation soignant-soigné et le changement de la posture thérapeutique 
III-7 Les pièges de la posture éducative 
III-8 L’enquête réalisée auprès des pharmaciens du DESU « soins pharmaceutiques appliqués à la personne âgée » 
III-8.1 Les résultats
III-8.2 Discussion
Quatrième partie : Les leviers d’une expansion pérenne et efficace de l’ETPen officine
IV-1 Les solutions économiques 
IV-1.1 Améliorer la fongibilité des subventions
IV-1.2 Le rôle de l’industrie pharmaceutique
IV-1.3 Le rôle des organismes d’assurance maladie et complémentaires santé
IV-1.4 L’évolution du système de rémunération
IV-2 L’amélioration de la formation des intervenants
IV-2.1 La formation initiale
IV-2.2 La formation continue
IV-3 Lutter contre l’hospitalocentrisme 
IV-3.1 La coordination hôpital-ville
IV-3.1.1 La communication
IV-3.1.2 L’utilisation du dossier médical partagé
IV-3.1.3 Le rôle de l’ARS
IV-4 Améliorer le recrutement des patients 
IV-5 Favoriser la multi et trans-disciplinarité – Le rôle du médecin traitant 
IV-6 ET le pharmacien d’officine ?
IV-6.1 Le métier du pharmacien d’officine
IV-6.1.1. Un acteur de soins primaires
IV-6.1.2 Son rôle dans la promotion de l’observance
IV-6.1.3 La prévention de la iatrogénie dans le cadre de la polymédication
IV-6.1.4 Sa mission dans le cadre de la sensibilisation, promotion et éducation pour la santé
IV-6.2 Ses nouvelles missions selon la loi HPST
IV-6.3 La place du pharmacien d’officine dans l’ETP
IV-6.4 Des propositions pour accroitre sa participation
IV-6.4.1 Pallier au manque de temps
IV-6.4.2 L’espace de confidentialité
IV-6.4.3 La coopération médecin traitant-pharmacien
IV-6.4.4 Améliorer le contenu des formations
IV-6.4.4.1 Maitrise de la posture éducative
IV-6.4.4.2 La reconnaissance de l’expérience du malade
IV-6.4.4.3 La maitrise de la posture de l’écoute
IV-6.4.4.4 L’utilisation des différents outils d’animation
Conclusion 
Bibliographie
Sitographie
Annexes 

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