Les gens du bord. Pour une sociologie des pratiques soucieuse de l’histoire

Les gens du bord. Pour une sociologie des pratiques soucieuse de l’histoire

La figure de l’inconnu familier

Figure des espaces intermédiaires, aux frontières de l‘espace public et de l‘espace privé. Ce chapitre résume un travail dřenquête sur les espaces intermédiaires à la frontière de lřespace privé du logis et de lřespace public urbain de la rue. Jřai conduit ce travail dans le cadre dřune recherche63 entreprise sur différents terrains avec Ahmed Boubeker (responsable scientifique). Les éléments présentés ici sont pour lřessentiel tirés dřun article rédigé à lřissue de ce travail64 . Réalisé à Villeurbanne dans lřagglomération de Lyon, dans un quartier ou subsiste un esprit de faubourg populaire, ce travail traite de la manière dont se construit une autonomie du social dans un travail dřélaboration des conditions de coprésence incluant aussi lřintrus sous la figure de l‘inconnu familier. Le travail de figuration est au cœur du processus dřélaboration dřun ordre de coprésence cependant toujours rapporté à lřespace public et à la figure du passant considérable 65 ; et à son double celle de lřétranger. Ce chapitre préliminaire pose les bases dřune grammaire sensible des relations et des frontières du commun nécessaire à lřintelligibilité de pratiques soucieuses des histoires au fondement de lřémergence dřun effet de milieu dont on appréhendera les propriétés évolutives et de consolidation en fonction de contraintes ou de lřarrivée de nouvelles populations. Outre le fait quřelle fonde les bases dřune analytique que nous mobiliserons dans lřexploration des situations présentées dans les autres chapitres, cette partie, qui explore le travail social quotidien engendrant cet effet de milieu, fixe déjà les termes dřune dramaturgie du vivre ensemble lorsque lřespace public de la ville sera le siège dřune confrontation entre une communauté de condition, celle des Rroms récemment arrivés en France, et les institutions et le pouvoir politique. 63 Ahmed Boubeker, Hervé Paris. Les qualités civiles des espaces intermédiaires : étude comparée à partir d’immeubles situés dans trois ensembles résidentiels de l’agglomération lyonnaise. Cité Publique. 2003 Recherche réalisée dans le cadre dřun programme de la Mission du patrimoine ethnologique du Ministère de la Culture. 64 Hervé Paris. Lřinconnu familier, les interactions dans les parties communes dřun immeuble lyonnais. La société des voisins. Bernard Haumont, Alain Morel. Éditions de la Maison des sciences de lřhomme L’une des difficultés dans l’étude des espaces intermédiaires réside dans la surdétermination qui pourrait résulter d’une approche partant de leur statut dans les ensembles résidentiels ou de leur morphologie. C’est pourquoi jřai adopté une approche qui, en privilégiant leurs propriétés sensibles, se propose de partir de leur manifestation aux limites de l’espace public, pour remonter à leur construction sociale et à leur rapport avec la morphologie des lieux, en resserrant mon objet sur les espaces communs d’ensembles résidentiels. La première partie vise à identifier des caractéristiques qui permettront de cerner les contours de la notion d’espaces intermédiaires tels qu’ils se donnent à percevoir dans l’espace public de la rue comme espaces de pratiques. Dans la deuxième partie, en rapportant ces caractéristiques aux espaces communs résidentiels, il s’agit de comprendre leur fonction dans le vivre ensemble résidentiel en construisant la figure de l’inconnu familier qui, selon nous, distingue l’espace intermédiaire de l’espace public auquel est plutôt attachée la figure de l’étranger. Dans une troisième partie est abordée leur dimension normative. Les espaces intermédiaires aux limites de l’espace public Quelques immeubles de taille moyenne et sans âme s’intercalent entre les bâtisses qui confèrent à ce tronçon de la rue Kahn son allure de faubourg où sřentremêlent habitat, bureaux, entrepôts, petites fabriques et ateliers. La rue est doublée d’une impasse desservant des maison-ateliers délaissées par les artisans du métal et de la soie. Divisions en lots lors de successions, cessions et changements d’affectation d’usage ou remembrements, ont bouleversé les fonctions des cours, jardins, passages et appentis. Au cours des 30 dernières années, des populations précarisées, immigrés d’origine marocaine notamment, se sont installées, rejoignant une population juive originaire dřAfrique du Nord, des anciens ouvriers et artisans restés dans le quartier qui accueillait déjà une population Ŗrotativeŗ dřétudiants, de jeunes couples, tandis que les immeubles des années 70 ont attiré des familles de classe moyenne. Depuis quelques années, cependant, dans le mouvement de rénovation du centre ville situé à proximité, le quartier est l’objet d’une action spéculative. De nouveaux types de résidents s’installent en saisissant les opportunités que libère cette période de transition pour aménager des lofts. Visibilité des pratiques et construction d’une altérité familière Plusieurs lieux d’activité socioculturelle, commerces et lieux de culte de la communauté juive jalonnent la rue, de sorte que lřactivité est rythmée par les fêtes religieuses et les pratiques rituelles qui alternent ou se confondent aux rythmes quotidiens – trajets domiciles travail, horaires d’école ou de marché, pratiques de voisinage … – dans un jeu de signes distinctifs, de codes, de contrastes qui participent d’une théâtralisation de la distance. C’est ainsi à un jeu réglé d’évitement et d’ajustement que l’on assiste, qui révèle des usages différentiés des espaces – trottoirs, jardin public, porches et parvis,… – selon les générations, les groupes sociaux, le genre d’activité (socioculturelle, professionnelle, domestiques…). Les groupes se décomposent et se recomposent en donnant à voir les mêmes personnes dans des postures et des attitudes distinguées selon les moments ; de sorte que les distances se révèlent denses dřune quête furtive de la familiarité, où la recherche inconsciente du visage, de la silhouette familière, participe de l’élaboration d’identités collectives sensibles, identités de perception, construites dans la réflexivité et la chronicité des usages quotidiens. Mais dans ce mouvement, qui apparaît comme une spatialisation des temporalités des différents groupes, c’est aussi une combinaison à la fois fluctuante et récurrente d’agencements de l’espace de la rue qui s’établit. C’est ainsi que la multiplicité des fonctions de la rue Kahn se révèle à travers la prégnance de territorialités infra locales. Bien que le centre Torah Emhet, par exemple, se trouve privé d’espace de dégagement par l’étroitesse de la rue, son porche et les trottoirs alentours n’en sont pas moins le lieu d’un rituel d’affirmation sociale qui voit les pratiquants se rassembler en petits groupes au sortir du culte, comme ils le feraient sur un parvis, avant de se disperser dans la ville selon un faisceau d’itinéraires qui apparaissent comme autant de réinscriptions de leur engagement religieux dans les strates de l’insertion sociale de la communauté. Cependant, cet espace, aux contours immatériels, entre forme réticulaire et marquage des lieux, est aussi déterminé par des tensions. Si celles-ci sont physiquement inscrites dans  l’espace – des barrières anti-stationnement et un dispositif de vidéosurveillance ont été installés après une tentative d’attentat en 1995 -, ce dispositif de veille est surtout un dispositif à forte implication sociale qui polarise l’espace de la rue en mettant à l’épreuve les rapports entre la communauté juive et les populations alentours. La rue est aussi marquée par dřautres types de polarisation sans autres frontières ni repères que ceux qui résultent des pratiques qui s’y tiennent quotidiennement et qui participent d’un esprit de lieux. Ainsi par exemple, cet effet de champ qui émane des abords de lřentreprise Agiss, où deux jeunes femmes réalisent des travaux de secrétariat à façon pour une clientèle variée, composée essentiellement d’hommes – médecin, laveur de vitre, ingénieur,… – que leur rapport avec ces deux femmes a rapprochés. Dans leur manège, une sorte de langage populaire originel semble avoir été inventé, langage de mots mais aussi dřattitudes – on sřinterpelle à vive voix, avec des gestes de grande proximité – qui ne perd rien des accents et des expressions propres à chacun, mais qui au contraire en fait des composantes essentielles du langage du lieu en lřaffranchissant des hiérarchies associées aux codes de leurs milieux. D’abord greffée au pas de porte du bureau, cette atmosphère de complicité a fini par traverser aussi la rue par l’entremise du chef du quai de lřusine dřen face qui a su aménager une place aux clients d’Agiss dans l’entente existant déjà entre l’usine et les habitants alentours à propos de l’usage de la « réserve de parking » disponible entre soir et matin que représente le quai de livraison.

Ambiances d’immeubles

Par les portes dřimmeuble, cřest donc un rapport entre ce construit collectif intérieur et lřespace public qui sřétablit, à travers des livraisons de bouffées dřambiances intérieures qui empiètent sur le trottoir et la rue. 115 Ce sont d’abord des qualités sensibles qui se donnent à percevoir. Odeurs des allées, où lřon pressent la cave et les senteurs culinaires qui caractérisent les immeubles anciens où couloirs et escaliers forment une structure volumique sans discontinuité reliant tous les étages entre eux, au contraire des immeubles récents dont les espaces communs sont toujours segmentés par des portes, sas dřescaliers réduits aux services et dessertes dřascenseurs dans des couloirs sans lumière du jour. Sons qui sřéchappent dans la rue lorsque sřentrouvre la porte, résonance grave de ces structures anciennes, amplifiant les cris dřenfants et les bruits dřescalier ; ou au contraire, sons étouffés et secs qui signalent lřencaissement des allées, les bas plafonds, la couverture synthétique de murs. Visions fugitives lorsquřon passe en marchant devant lřallée ouverte, ombres et lumières, crépis décatis, traces des peintures Art déco ou réfaction encore luisante des bâtis anciens ou, au contraire, espace aseptisé des nouvelles résidences, éclairées et ouvertes au regard par de grandes baies vitrées. Partout des plantes vertes, mais dans l’ancien, elles relèvent dřun art de vivre des habitants, tandis que dans les immeubles récents, elles sont travail sur lřimage, parfois simples artefacts. Mais ces bouffées dřambiance sont aussi faites des attitudes des gens, de leur manière dřentrer et de sortir, de la densité de peuplement ; de leurs rythmes tels quřils se manifestent au seuil des résidences et par lesquels les mondes de lřintérieur, les mondes ménagers, sřouvrent à la rue, lřoccupent et où, par le jeu de circulations et de relations de voisinage, ces modes d’extériorisation se confondent avec des ambiances d’immeuble, suggérant que la morphologie des lieux contribue à rendre possibles ces manifestations publiques de la familiarité. Dans la plupart des rez-de-chaussée de la rue, volets et rideaux clôturent les ouvertures, ne laissant filtrer que les sons et, la nuit, les brusques variations de lumière des télévisions. Seules dénotent les grandes baies vitrées du n° 39 et 41 sans volets ni rideaux, signalant l’installation d’aménageurs de lofts dont les attitudes et les modes dřhabiter spécifiques introduisent des changements dans lřordre négocié des espaces intermédiaires. En livrant ainsi leur intimité au regard des passants, les habitants des lofts leur imposent de choisir entre une attitude d’évitement et le désir de satisfaire leur curiosité. La rue se trouve ainsi durablement marquée par ce débordement de l’espace privé. Débordement d’un type 116 particulier, cependant, puisqu’il ne se manifeste ni par une contrainte physique ni par une présence directe, mais au contraire, par une forme immatérielle, que l’on perçoit, pris au piège (la nuit plus encore que le jour lorsque le faisceau de lumière saisi le passant), comme attiré par un leurre dans un dispositif de capture où voir c’est d’abord être vu. Cette aliénation du regard à l’ordre qui régit l’espace est précisément le signe du franchissement d’un seuil par lequel on quitte l’espace public pour pénétrer dans un espace ordonné selon un mode obligé de réciprocité qui caractérise une dimension d’exception privative de l’espace. Ici, cependant, le passant est privé de la réflexivité d’une interaction. Les usagers de la rue les plus affectés par cette nouvelle contrainte ont semble-t-il été ceux qui fréquentent le centre Torah Emhet, situé juste en face de ces nouveaux habitats. Car le spectacle dřun domaine dřintimité familiale en vis à vis d’un lieu de prière a quelque chose de choquant. Eléments caractéristiques des espaces intermédiaires A l’appui de ces exemples et contre exemples (les baies vitrées), sans doute peut-on avancer qu’un premier trait caractéristique d’un espace intermédiaire est d’être l’espace où un groupe, qui peut être de circonstance, se réunit autour d’une pratique qui fait sens pour ses membres et qu’ils inscrivent dans l’espace en se mettant en scène sous le regard des autres, en se rendant disponible à leur action. C’est moins le contenu des pratiques qui importe alors que leur ajustement négocié à un espace fréquenté par d’autres. C’est un espace de reconnaissance réciproque qui se construit, sans qu’il s’agisse d’exiger une réciprocité de perspective. L’exigence de réciprocité ne porte ici que sur les modalités de coprésence. Mais lřordre qui régit ces espaces intermédiaires nřest pas un ordre de juxtaposition ou de succession régi par le respect de règles et des normes fixées à priori ou fonctions de la morphologie ; ils apparaissent avant tout comme des espaces dřaccomplissement de pratiques collectives. Cřest précisément cette dimension dřaccomplissement qui contribue à la qualité du vivre ensemble et qui affecte des qualités civiles aux espaces intermédiaires, des qualités coconstruites avant dřêtre vécues par leurs effets de régulation. Au-delà dřune mise en visibilité de pratiques dans des espaces temps, cřest la façon dont la visibilité est prise en compte comme une dimension constituante de ces pratiques qui est ici essentielle. Car la visibilité affecte les identités elles-mêmes et, en un sens, la civilité apparaît comme la co-construction dřun ordre expressif des identités individuelles et collectives. Dans cette perspective des espaces intermédiaires, l’autre n’y prend pas place comme l’étranger dans une conception citadine de l’espace public, mais plutôt comme inconnu familier ; l’espace intermédiaire, comme polarisation de l’espace public, pouvant être conçu comme l’aire de validité d’une figure d’inconnu familier. C’est précisément à la construction de cet individu familier dans les espaces communs résidentiels que nous consacrons la seconde partie de cet article. Mais il s’agit aussi de souligner une autre caractéristique des espaces intermédiaires que nous révèle cette première investigation, c’est à dire leur nature avant tout sensible, immatérielle, qui implique les facultés perceptives et aperceptives par lesquelles on accède à la densité de l’espace temps. Pénétrer un espace intermédiaire, c’est en effet franchir un seuil perceptif par lequel on accède au niveau d’imbrication des pratiques et de l’espace, où celles-ci ne sont pas seulement localisées mais apparaissent comme constituantes de l’espace, tandis que, symétriquement, la morphologie et les qualités sensibles des lieux, leur historicité, rendent possibles ces pratiques et les connotent. Cependant, ici, la dimension de seuil revêt en même temps une autre signification. Elle traduit le passage entre des ordres qui régissent des rapports sociaux – ordre de la maison, ordre de la pratique religieuse collective, ordre socioprofessionnel. Soit un passage comportant un caractère rituel qui s’inscrit dans l’espace en s’attachant à des repères symboliques existants ou en en fixant de nouveaux. La porte, le seuil ou le parvis, apparaissent comme autant de frontières qui sont cependant fluctuantes et perméables, qui diffusent en amont et en aval, car s’y greffent des pratiques de transition entre ces différents ordres. Pratiques de regroupement et puis de dispersion devant le centre de culte. Gestes et mimiques pour se faire une façade civile avant de franchir le pas de la porte palière ou bien, au contraire, rituel d’entrée dans la maison au retour du travail, où les scènes de commensalité jouent un rôle essentiel. Pénétrer un espace intermédiaire, c’est ainsi pénétrer dans l’espace-temps d’une configuration (ou d’une transition de configuration) propre à un ou des groupes pour lesquels le rapport à l’autre intrant est codifié ; les modes de codification dépendant notamment de la composition sociale de groupes et de l’historicité de leur expérience collective, comme c’est le cas, par exemple, pour le groupe des clients de l’entreprise Agiss que nous avons présentée précédemment.

Table des matières

Introduction
Chapitre 1 – Une histoire collective
La question des terrains
Conjuguer recherche et expertise
Fidélité aux acteurs de terrain
Les jalons de lřexpérience collective
Susciter des dynamiques de problématisation croisées
Fractionnement des modes dřaction publique
Recherche, R&D sociotechnique et expertise militante
Chapitre 2 – Mes domaines de recherche
Dynamique sociale urbaine et engagement des héritiers de lřimmigration
Figure des Rroms en France et figure des Rroms en Roumanie
En ex-Yougoslavie les mouvements anti-guerre et antinationalistes
Les héritiers de lřimmigration dans la France en crise dřidentité
Le tournant des années
Section I – Objet de la thèse
Partie 1 – Cadrage
Des acteurs singuliers au devenir minoritaire
Axes de recherche
Période et décentrement socio-historique
Le problème de lřéchelle comme problème dřhypertextualité
Partie 2 – Le montage de la thèse
Chapitre 1 – Les trois mouvements du décentrement
Chapitre 2 – La possibilité d’un cosmopolitisme en question
Partie 3 – Intrigues et terrains
Chapitre 1 – Préliminaire : l’inconnu familier figure des espaces intermédiaires
Chapitre 2 – En France
La ville des Rroms à vue dřœil et lřéconomie des expédients
Intrigues de la ville et de la transformation sociale des communautés dřexpérience de lřimmigration
La densité du vide ou la dialectique de la frontière et du milieu
Le nœud de lřintrigue
Questions ouvertes
Chapitre 3 – En Ex-Yougoslavie
Résister à la partition du monde
Voisinage et citadinité dans la géographie de la guerre
La Croatie de Zoran Pusiç
Le pacifisme anti-guerre en Serbie et lřidéologie de lřambivalence
Produit dérivé de lřidéologie de lřambivalence née en Serbie: la soft power
Vivre à Sarajevo ou la conscience minoritaire en Serbie
Sarajevo et la lutte pour lřétat du droit
Lřalternative en Bosnie, lřinitiative Igman et la figure de Zoran Pusiç
Déshérence des réfugiés à Tuzla et territoires du retour à Dubrovnik
Chapitre 4 – En Roumanie
Rromani Criss et lřUtopie de Nicolae Gheorghe laissée en intrigue
A propos des notions de contexte et de circonstance
Minorité versus droits civiques
Lřutopie démotique de Nicolae Gheorghe
Section II – En France
Partie 1 – Espaces intermédiaires
Chapitre 1 – La figure de l’inconnu familier
Les espaces intermédiaires aux limites de lřespace public
Visibilité des pratiques et construction d’une altérité familière
Seuils et portes
Ambiances d’immeubles
Eléments caractéristiques des espaces intermédiaires
Lřinconnu familier comme figure des espaces communs résidentiels
Disponibilité des lieux à l’imaginaire
Intime sous le regard des autres
Figures du double et invisibilité collective
Ordres d’interdépendance
La fonction de transfert des espaces intermédiaires
Productions normatives et instances délibératives
Instances délibératives, entre visibilités et énoncés
Partie 2 – De la ville des Rroms à vue d’œil à l’économie des expédients
Chapitre 1 – La ville des Rroms des campements
Le campement aux limites de la ville des lumières (Lyon)
Pénurie de bois de récupération dans la ville et solidarité de proximité
Inquiétudes spéculatives de lřétranger au monde du campement
Echapper à lřunivers de concentration des grands camps
Hébergement dřurgence dans le cadre du plan grand froid
Le campement greffé dans la ville par ses réseaux et ses porosités
Météorologie de lřexpulsion
Le devenir urbain des campements et de leurs populations
Quel dimensionnement quantitatif du « problème rrom » ?
Figure urbaine de lřacteur Rrom sans voix ni porte-parole
Dřune économie des expédients
Sur les ressorts politiques dřune économie urbaine des expédients
Topologie citadine dřune possible économie des expédients
Dimension politique des pratiques des gens de la rue
Questions pour une anthropologie des expédients
A propos de la dignité
Chapitre 2 – L’expérience de survie d’une famille rrome aux frontières intérieures du monde ommun
Le karcher
Mariana
Le régime de la peur 1er acte Ŕ Eviter la prison à tout prix pour un enfant
Le régime de la peur 2ème acte Ŕ Attentat contre le squat 9
Le régime de la peur 3ème acte Ŕ Quand la police menace dřexpulsion
La puissance éthique dřune libre délibération
Vie et mort dřun enfant. Ou le combat pour le droit dřaimer
Le déni dřexistence devient réalité bureaucratique
Aux limites de lřautonomie
Menace sur la vie au bout des subterfuges de la transnationalité
Trouver enfin une ressource alimentaire durable
Passeport pour la bouffe
Ouvrir un nouveau squat dans un quartier
Au cœur du vortex
Borderline
Les gens du bord ou lřinvention dřune technologie sociale
Partie 3 – De l’économie des expédients comme travail de consolidation des Mondes des Quartiers populaires
Chapitre 1 – L’épicerie sociale AVEC à Vaulx en Velin
De lřéconomie sociale de la misère comme marché
AVEC, carrefour des engagements militants et de pratiques ordinaires de la ville
Lien avec la lutte pour la reconnaissance des droits des Chibanis
Chapitre 2 – La lutte pour la justice et la dignité des Chibanis
A la recherche de la matrice sociale du réseau ?
Actualisation dřun savoir faire hérité des luttes de lřimmigration
Double canal de confrontation
Une science de lřambassade
Où rien nřest jamais acquis
La résilience comme analyseur du fonctionnement du réseau
Politique de consolidation
Partie 4 – La densité du vide ou la dialectique de la frontière et du milieu
Chapitre 1 – Expérience générationnelle, équipements et réseaux
Terrain
Lřépure dřun centre ville pour une population imaginaire
Lřaffaire Diderot. Le début dřune histoire au long cours
Chapitre 2 – L’expérience du déjà là.
Le déjà là (1) – LřHistoire comme trame dřune expérience vécue de la ville.
Le déjà là (2) – Le centre ville
Le déjà là (3) – La ZUP. Ségrégation urbaine et mémoire de lřaction publique
Le déjà là (4) – Le natal
Chapitre 3 – Repousser les frontières de l’altérité
Articulation des échelles et mobilisation des ressources
Les moments et les lieux du travail générationnel
Entre les bords du paradoxe
Instances du délibéré et pratiques du référé
Chapitre 4 – La légende de Zelmad, une figure du bandit social
La mise en scène des figures familières du bandit
Présentation de Zelmad
Chronique de la localité. Construire le terrain de recherche
Les formes d’apparition publique de la figure de Zelmad
Manifestation, conflit, trahison. Figure de la résistance et mémoire d’un âge d’or
Traumatisme social, mort violente. Tristesse, désarroi et révolte. La figure du mentor
L’ombre et la lumière. Figure d’une condition sociale
L’oubli et le fatal. Ou le sceau du malheur
Une figure dialectique portée par les rapports générationnels
La question des circonstances et de leur oubli dans la mémoire
Atemporalité de la figure et actualité
Chapitre 5 – Les ballons de la Mémoire
Genèse de lřEntente sportive de Saint Priest
Genèse de lřASQ Bel Air
Le chemin de la fusion
Rencontre et hybridation de la mémoire
Au croisement des historicités
1 er acte : préliminaires
ème acte. Malaise dans la célébration
3ème acte. La figure de lřennemi complémentaire comme cadre de contention de malentendu
Après la scène
Chapitre 6 – Tisser la trame de la mémoire locale, une pratique par laquelle se renouvelle le milieu
Configuration urbaine et capacité des milieux à faire le contexte
Articuler les échelles de la mémoire comme pratique de référencement
Mise en récit de lřexpérience
La figure unificatrice de lřennemi idéal
Le rituel de passage toujours répété comme lieu de formation de lřintrigue du récit
Tombée du rideau
Où les fiançailles ne sont toujours pas achevées
Lřenjeu de lřalcool
Limites dřune politique dřévitement des points de dissensus, lřattente de réflexivité
La transparence des règles collectives comme alternative à lřarrangement propre au régime de concession
De lřexpérience générationnelle à la transmission
Lřaffaire du sac volé
Epilogue de lřaffaire du sac et rebonds
Chapitre 7 – Pratiques sociale de la laïcité et nouvelles classes moyennes
Carrière générationnelle et carrière de la localité
Rejet du régime de concession
Décalage avec les politiques dřintégration par le sport
Emergence dřune nouvelle classe moyenne ?
Après la fuite loin des quartiers, le reflux des classes moyennes
La laïcité au cœur dřune alliance entre classe moyenne et classes populaires traditionnelles
Reconfiguration du réseau de significations
Primauté de la solidarité in vivo avec les classes populaires
Tension entre engagement dans la localité et un militantisme de mouvement
Conflit de perspective avec les « blédards »
Une laïcité sociale en construction
Reconfigurer un réseau de significations commun avec les classes populaires
Partie 5 – Ancrage de la pratique musulmane et enjeux générationnels
Chapitre 1 – La Mosquée de Saint Priest (4)
Chapitre 2 – Esquisse de topographie des lieux de culte musulmans émergeant au début des années
Un contexte de crise
Institution dřune représentation du culte musulman en France
Dynamiques intergénérationnelles et socio-urbaine de lřémergence des lieux de culte de lřIslam de France
Esquisse de topographie des lieux de culte musulmans émergeant au tournant des années
Configuration socio-urbaine et dimension générationnelle
Configuration socio-urbaine, dynamique sociale et profil des lieux de culte
La projection cartographique de l’implantation urbaine des mosquées comme démarche méthodologique
Chapitre 3 – Les Moments générationnels
Les moments du dialogue intergénérationnel
Convergence entre associations musulmanes et associations de luttes de lřimmigration
Femmes et hommes : lřaccomplissement générationnel empêché
Lřexpérience de la difficulté accrue dřêtre soi dans la société en mutation
Partie 6 – Conclusion de la section II sous forme de mise en perspective
Quel chemin avons-nous parcouru ?
Le processus de transformation sociale en suspens ?
Le travail des gens du bord, inventeurs de nouvelles formes de lutte porteuses de transformation sociale
Chronique de lřempêtrement dans des histoires
La prudence et la sagacité
Le graphe et la dynamique de la transformation sociale
Les biotopes de lřagir commun
Section III – En ex Yougoslavie
Partie 1 – Construire le terrain
Introduction
Le tournant des années 9
Incertitudes démocratiques et crises sociales
Guerres, mouvements nationaux et recomposition stratégique
Action humanitaire et défense des droits humains
Entréer dans le terrain dřenquête en ex-Yougoslavie après la guerre
Construire un monde vivable dans le chaos de lřaprès guerre ?
Chapitre 1 – configurations anthropologiques et socio-historiques
Les lieux-moments de la guerre, aux marges des Empires
De la revanche des campagnes sur les villes ?
Les figures du banditisme social
Peuple des origines versus cosmopolitisme
Déplacement du rapport centre-périphérie à lřintérieur même des villes
Les marges et lřEtat, entre rébellion et allégeance
Modernisation et urbanisation
komšiluk (le voisinage) et lřimplication des populations
Le crime intime
Le mouvement spatial de la guerre
Chapitre 2 – Mise en récit
Mise en récit et intrigue du travail dřenquête
Entretiens, traces et reconstitution dans le récit
Faut-il lisser le chaos pour en faire une histoire cohérente ?
Chercher les connecteurs, les objets communs et les figures
Des Droits de lřHomme et de la lutte anti-guerre
De lřengagement auprès des réfugiés.
Motivation de la forme adoptée ici pour la mise en récit de lřenquête
Potentiel critique du vis-à-vis avec les autres terrains (France, Roumaine)
Partie 2 – L’expérience de Zoran Pusiç en Croatie
Chapitre 1 – En Croatie avec Zoran Puzic
Carnet dřenquête en 1: Monitoring démocratique offshore
Genèse dřun engagement
Assumer une conception minoritaire des Droits de lřHomme dans la guerre
Jonction avec les militants anti-guerre de Serbie et ambivalence pacifiste
Accompagner le retour des réfugiés serbes
Solidarité et dialogue serbo-croate dans la Krajina
Zoran figure de lřanti-héro émergeant ex-nihilo
Partie 3 – Serbie : le mouvement anti-guerre de Belgrade et le chemin de l’ambivalence
Chapitre 1 – Ambivalence et fractionnement du mouvement anti-guerre après Dayton
Le centre Anti-guerre de Belgrade, carrefour et pépinière de multiples projets et de carrières politiques
Retour sur lřhistoire du mouvement anti-guerre en Serbie
Répertoires et thématiques de lřaction du Centre Anti guerre
Lutte contre la propagande nationaliste et ethnique de régime Miloseviç et contre la répression
politique
Développer la société civile en diversifiant les champs et les modalités dřaction
Après Dayton Ŕ 96. Ambiguïté de lřopposition démocratique et de conceptions serbo-centrées des
Droits de lřHomme
Chronique dřune fracture dans le mouvement anti-guerre
Le cercle de Belgrade ou comment sauver les principes dřhumanité dans les sombres temps ?
La rupture de Dayton et les travers du « compromis politique démocrate »
Chapitre 2 – mobilisation pour la chute de Miloséviç et démocratie nationaliste
Ombres et brouillard dans le mouvement anti-guerre : affirmation de la thèse de lřéquivalence
96 Ŕ . « Opposition démocratique » à Miloseviç et durcissement du régime.
Le vécu traumatique bombardements de lřOTAN sur Belgrade par les militants du Centre Anti-guerre
Octobre . Chute du régime Miloseviç et nationalisme démocratique
Juillet 1. Brouillard dans la « Galaxie Européenne de Belgrade »
Carnets dřenquête. Belgrade, taxi, bombardements, départ des Chinois, malaise dans lřinteraction
Chapitre 3 – Otpor ! ou l’étrange histoire d’un mouvement de mobilisation des jeunes pour la démocratie
Otpor! ou lřinvention de la révolution par la « soft power »
Lřextinction de lřétoile dřOtpor ! en Serbie
Exporter la révolution « fun » et non-violente avec CANVAS
Partie 4 – Initiatives citoyennes en Bosnie
Chapitre 1 – Résistance et alternative aux nationalismes
Sarajevo 1. Carnet dřenquête
Pour une Bosnie pluriculturelle
Le cercle
Tuzla carrefour des alternatives citoyennes en Bosnie
Quelle stratégie alternative aux nationalismes dans lřaprès guerre armée ?
Lřalternative citoyenne bosniaque dans la scène politique et lřenjeu des réfugiés
Les enjeux dřune justice digne de ce nom
Chapitre 2 – Initiative transfrontières en ex-Yougoslavie
Lřinitiative de Dialogue Civique
Lřinitiative Igman et la perspective transnationale comme condition dřune société pluraliste en Bosnie et en ex Yougoslavie
Lřappui dřun réseau citoyen européen indépendant
Le déploiement de lřinitiative Igman
Partie 5 – Faire droit aux réfugiés et construire les territoires du retour
Chapitre 1 – Bosnie. Job . Du témoignage au droit
Juillet 1. Sarajevo. Job . Restaurer le droit dans le chaos engendré par la guerre et lřexpérience de la ville assiégée
Carnet dřenquête
Equiper la demande de droit et construire la capacité de la justice à y répondre
Une clinique juridique de lřaprès guerre sous lřemprise des mafias
Penser le problème du droit des réfugiés à lřéchelle de lřex-Yougoslavie
Carnet dřenquête
Chapitre 2 – Tuszla 1 : Figures de l’épuisement
Accueillir des enfants dans une société qui nřen a plus que le nom
Peut-on travailler avec des enfants dans un monde qui sřeffondre ?
Fiction dřautonomie dans un monde sans supports ni institutions valides
Survie et dislocation des solidarités
Plus dur, peut-être, encore que la guerre, le sentiment dřinutilité
Corruption et contamination morale
Epuisement des corps et des esprits. Epuisement des symboles ?
Lutter contre la mort lente
Fierté dřexister sous le regard des bourreaux
La fraternité
Chapitre 3 – Dubrovnik. Construire les territoires du retour ? 
Septembre 1. Dubrovnik. Lřétat de siège et le destin des réfugiés
Protéger les réfugiés, une humanité à sauvegarder pour résister au siège
Les réfugiés sans territoire de retour
Lřexistence dans la suspension du temps
Du temps suspendu du refuge au temps projectif de lřactivité
Savoirs traditionnels et modernité
Construire les territoires du retour
De lřactivité protégée au tourisme rural
Transformer lřexpérience en ressource
Les territoires du retour des réfugiés
De lřagir pour autrui au co-développement
Où la ville se dépasse elle-même dans lřaccompagnement des réfugiés
La place donnée aux réfugiés dans le dessin de leur propre destin
Dubrovnik et Tuzla, lřhégémonie de la modernité et le vortex du malheur
Section IV – En Roumanie
Chapitre 1 – Aout 1 Rromani Criss
Carnet. Gare de Bucarest : racisme brut à lřégard des enfants roms
Botoçani : Evaluation collective du programme de médiation de santé
Les Rroms condamnés à lřurgence et à lřindigence en matière de santé
Contenu du programme de médiation en santé
Du droit inappliqué à la mobilisation des communautés rromes pour lřexercer
Dépasser la gestion communautaire du stigmate, une stratégie de co-développement
LřEvaluation en continu comme fabrique dřune communauté dřexpérience de lřaction
Construire la référence. Coming out et porosité des frontières
Entrer dans le no manřs land qui sépare les mondes
Au Cœur de lřorganisation Rromani Criss
Origine de Romani Criss et organisations rromes roumaines
Dépasser la position minoritaire par les droits civiques
La dynamique de renouvèlement générationnel de Romani Criss
Chapitre 2 – Nicolae Gheorghe et l’Utopie d’une Europe d’Etats démotiques et démocratiques
Lřéveil dřune conscience civique rrome
Contexte et circonstances
Entre ethnos et demos au sens démocratique
Conclusion générale
Sources et références bibliographiques
Bibliographie générale
Compléments pour le terrain français
Compléments pour le terrain en ex Yougoslavie
Compléments pour le terrain concernant les Rroms
annexes
ANNEXE 1 – Configuration socio-urbaines de l’émergence des Mosquée à Lyon ( 4)
Annexe 2 – Le CCFD dans les Balkans

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