L’INDICE DE POISSON SYSTOLIQUE CHEZ LES PATIENS VIVANT AVEC LE VIH

L’INDICE DE POISSON SYSTOLIQUE CHEZ LES PATIENS VIVANT AVEC LE VIH

ARTERIOPATHIE OBLITERANTE DES MEMBRES INFERIEURS

En 2006, la Haute Autorité de Santé définissait l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) comme « un rétrécissement du calibre des artères à destination des membres inférieurs, qui entraine une perte de charge hémodynamique, avec ou sans traduction clinique, dont le meilleur témoin est une chute de l’indice de pression systolique (IPS) » [112]. L’IPS est le rapport de la pression systolique à la cheville sur la pression systolique humérale, mesurées à l’aide d’une sonde Doppler. L’athérome représente la cause majeure des artériopathies oblitérantes des membres inférieurs : il est en cause dans 95% des cas [113]. L’AOMI est la troisième atteinte athéromateuse la plus fréquente, mais elle partage avec l’atteinte coronaire et cérébro-vasculaire le même risque de mortalité. Ainsi, quel que soit le stade, la présence d’une AOMI est un puissant marqueur de risque d’événement cardio-vasculaire. La description de l’atteinte vasculaire périphérique chez le patient infecté par le VIH est beaucoup moins connue que l’atteinte coronaire, actuellement bien documentée. Les patients infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) présentent deux formes classiques d’atteinte périphérique : l’atteinte athéroscléreuse, définie par une atteinte athéromatheuse inflammatoire, et les vascularites, définies par une atteinte non athéromateuse inflammatoire périphérique. La prévalence et la sévérité de l’atteinte athéroscléreuse périphérique chez les patients infectés par le VIH restent très peu documentées. Néanmoins il a été montré que l’infection à VIH est un facteur de risque d’atteinte vasculaire périphérique indépendant des facteurs de risque cardiovasculaires classiques et du traitement ARV hautement efficace [114]. En outre, une prévalence élevée de l’AOMI symptomatique et asymptomatique a été retrouvée chez les patients VIH+ de la cohorte Suisse [115].

Epidémiologie

L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs est caractérisée par une progression lente et silencieuse. La prévalence de la claudication intermittente augmente de façon considérable avec l’âge. L’étude de Rotterdam montre une fréquence de 1% chez les patients âgés de 55 à 65 ans et de plus de 5% chez ceux de plus de 80 ans [116]. La prédominance masculine (4 à 5 hommes pour une femme) tend à s’atténuer avec l’âge. Le ratio homme/femme, pour la claudication est de 1/1 à 2/1, il tend à s’égaliser après 70 ans [117]. L’incidence et la prévalence de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) sont directement liées à l’âge : 1 % avant 50 ans, 2 à 3 % à 65 ans et 6 à 7 % après 65 ans. Le risque d’ischémie critique est deux fois plus grand après 65 ans [117]. La fréquence de l’AOMI est au moins multipliée par trois chez les fumeurs chez qui elle survient plus précocement. La gravité de l’AOMI est proportionnelle au degré de tabagisme : elle est quatre fois plus importante chez les grands fumeurs [117]. Le pronostic de la maladie est meilleur chez ceux qui arrêtent définitivement leur intoxication. Ainsi l’incidence des amputations passe de 5 à 10% en 5 ans à moins de 1%. L’AOMI est 12 fois plus fréquente chez le diabétique. Le diabète est présent dans 20% des AOMI [117]. Le diabète est le facteur de risque principal de survenue de l’AOMI [118]. De même l’augmentation par le diabète du risque relatif de morbi-mortalité cardio-vasculaire est la plus élevée pour l’AOMI : 4 pour les hommes diabétiques et 6 pour les femmes diabétiques [119]. La prévalence de l’hypertension artérielle, chez les patients ayant une artériopathie varie entre 25 et 30%. Le risque d’artériopathie des membres inférieurs est plus élevé chez les hypertendus que chez les normo tendus. L’élévation du taux du cholestérol LDL, celle des triglycérides, ainsi que l’abaissement du taux des HDL sont des facteurs de risque reconnus dans 55 plusieurs études, mais leur influence est moins nette que pour les coronaropathies. L’hérédité, la sédentarité, l’alimentation pauvre en légumes verts et fruits, l’obésité, constituent les autres facteurs de risque reconnus de l’athérome 

Anatomie pathologique

L’artériopathie athéroscléreuse répond à la description générale de l’athérosclérose. Cependant quelques spécificités caractérisent la localisation périphérique :  les sites de prédilection, le plus souvent proximaux, bilatéraux, mais pas toujours symétriques aux membres inférieurs sont l’aorte abdominale sousrénale et la bifurcation aortique, l’origine desartères iliaques externes et internes, le trépied fémoral, la jonction fémoro-poplitée et l’origine des trois artères de la jambe ;  l’évolution de la plaque d’athérome entraîne la sténose progressive de la lumière, gênant le débit artériel, et créant des turbulences, sources de lésions endothéliales et de thromboses ;  l’ulcération de la plaque, par nécrose ischémique ou hémorragique à l’intérieur de la plaque, entraîne la rupture de la chape fibreuse et de l’endothélium aboutissant à l’embolie de fragments de plaque à la thrombose du vaisseau, en regard par adhésion fibrinoplaquettaire et cruorique avec possibilité de migration en aval, et quelques fois à la cicatrisation de la plaque avec majoration du degré de sténose.

Physiopathologie

L’artériopathie chronique occlusive a comme rançon l’apparition d’une ischémie tissulaire. La sévérité de l’ischémie est fonction du siège et de l’extension de la maladie artérielle, ainsi que des possibilités de développement d’une circulation collatérale de suppléance. Quand la sténose est modérée, elle reste 56 asymptomatique car sans conséquence hémodynamique. Cependant lorsqu’elle devient plus serrée avec réduction du diamètre de la lumière artérielle de 70%, il apparaîtra une hypoxie musculaire à l’effort avec accumulation de lactates, responsable de la douleur : c’est la claudication intermittente. A un stade plus avancé (ischémie critique), on assiste à une hypoxie tissulaire même au repos, majorée par le décubitus car la pression de perfusion diminue. A long terme, apparaît l’anoxie qui, si elle est importante et prolongée, entraîne la souffrance puis la mort cellulaire responsable des troubles trophiques et de la gangrène. 

Diagnostic positif

Circonstances de découverte  Examen systématique Bon nombre d’artériopathes sont asymptomatiques, en raison d’une circulation de suppléance efficace, ou d’une marche limitée par une vie sédentaire, ou par une autre affection invalidante, notamment cardiaque ou pulmonaire. La découverte de ces formes asymptomatiques (stade I de Leriche et Fontaine) se fait souvent à l’occasion d’un examen des artères, généralement motivé par le contexte :  palpation des pouls chez un sujet à risque, homme de plus de 50 ans, présentant des facteurs de risque ;  bilan d’un patient présentant une autre localisation de la maladie athéroscléreuse. A cette occasion, on découvrira qu’un pouls est aboli ou diminué, l’auscultation artérielle mettra en évidence un souffle systolique, et surtout la mesure de l’index de pression systolique retrouvera une valeur abaissée.Les signes fonctionnels  La claudication intermittente artérielle C’est le symptôme révélateur le plus fréquent, témoin d’une ischémie d’effort des membres inférieurs. Typiquement c’est une douleur à type de crampe, siégeant au mollet, unilatérale, qui survient progressivement au cours de la marche. Cette douleur augmente avec la poursuite de l’effort de marche. Son intensité oblige le patient à s’arrêter. La douleur disparaît rapidement à l’arrêt de l’effort et réapparaît à sa reprise, après la même distance. On détermine ainsi une distance de marche (à quantifier) : – variant avec la rapidité, la pente du terrain, la température extérieure, le poids ; – renseignant sur la gravité des lésions mais gênant l’évaluation clinique d’un angor d’effort ; – ayant une grande valeur pour suivre l’évolution sous traitement ; – selon que la distance est supérieure ou inférieure à 150 m, la claudication est classée en stade II invalidant (<150 m) ou non invalidant. A côté de cette description typique de claudication d’effort il peut exister des manifestations atypiques de par : – leur siège, bien que quel que soit le siège de la lésion vasculaire au niveau des membres inférieurs la douleur se situe le plus souvent au mollet où se trouvent les muscles les plus actifs lors de la marche. o L’atteinte haute, aorto-iliaque, peut entraîner une claudication isolée de la fesse, de la hanche ou du bas du dos ; une oblitération iliaque externe ou fémorale commune, une douleur isolée de la cuisse ; une atteinte des troncs jambiers, une claudication isolée du pied. o L’atteinte du carrefour aortique s’accompagne d’une dysfonction érectile chez l’homme et d’une sensation de faiblesse des membres 58 inférieurs à la marche sans douleur vraie déterminant le syndrome de Leriche. – leur intensité : simple pesanteur, tiraillement, fatigabilité, engourdissement mais déclenchée par la marche. – leur mode d’installation pouvant être rarement brutal par thrombose ou embolie. – leur absence de reproductibilité selon les conditions (climatiques, psychologiques).

Table des matières

 INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. INFECTION AU VIH
I.1. Définition
I.2. Epidémiologie
I.3. Physiopathologie
I.3.1. Cycle du virus
I.3.2. Cellules cible
I.4. Histoire naturelle
I.4.1. La phase de primo-infection
I.4.2. La phase chronique asymptomatique
I.4.3. La phase symptomatique ou terminale
I.5. Classifications du VIH/SIDA (confère Annexes) .
I.6. Thérapeutique antirétrovirale
I.6.1. Classification des ARV
I.6.1.1. Les inhibiteurs de la transcriptase inverse .
I.6.1.2. Les inhibiteurs de la protéase (IP) .
I.6.1.3. Les inhibiteurs de l’intégrase .
I.6.1.4. Les inhibiteurs d’entrée du virus dans la cellule cible
I.6.2. Posologie et effets secondaires des ARV (confère Annexes)
I.7. Complications cardio-vasculaires du patient infecté par le VIH sous traitement
I.7.1. Pathogénie des complications métaboliques des AR
I.7.1.1. Rappels
I.7.1.2. Effets des IP
I.7.1.3. Effets des INTI
I.7.2. Complications proprement dites
II. ATHEROSCLEROSE ET DETERMINANTS
II.1. Généralités
II.1.1. Définitions
II.1.2. Rappel historique
II.1.3. Epidémiologie
II.2. Physiopathologie
II.2.1. La genèse de la lésion d’athérosclérose ou Plaque
II.2.1.1. Rappels
II.2.1.2. Les principales étapes de l’athérosclérose
II.2.2. Evolution de la lésion
II.2.2.1. Evolution progressive
II.2.2.2. Evolution aiguë
II.2.3. Cas particulier de l’infection à VIH : rôle du VIH dans le mécanisme de survenue de l’athérosclérose
II.2.4. Classification histopathologique
II.2.5. Topographie des lésions
II.3. Déterminants de l’athérosclérose
II.3.1. Les facteurs de risque cardio-vasculaire
II.3.1.1. Les facteurs de risques non modifiables
II.3.1.2. Les facteurs de risque cardio-vasculaires modifiables
II.3.1.3. Les nouveaux facteurs de risque
II.3.1.4. Evaluation du risque cardio-vasculaire global
II.3.2. L’infection à VIH
III. ARTERIOPATHIE OBLITERANTE DES MEMBRES INFERIEUR
III.1. Epidémiologie
III.2. Anatomie pathologique
III.3. Physiopathologie
III.4. Diagnostic positif
III.4.1. Circonstances de découverte
III.4.2. Examen clinique
III.4.3. Diagnostic des formes particulières
III.4.3.1. AOMI du sujet infecté par le VIH
III.4.3.2. Artériopathie du diabétique
III.4.3.3. Artériopathies non athéroscléreuses
III.5. Diagnostic différentiel
III.6. Diagnostic d’extension de la maladie athéromateuse
III.6.1. Examen cardiaque
III.6.2. Bilan d’une insuffisance vasculaire cérébrale
III.6.3. Recherche d’un anévrisme de l’aorte abdominale
III.6.4. Fonction rénale 6
III.6.5. Recherche d’une lésion des artères digestives
III.7. Evolution et pronostic
III.7.1. Eléments de surveillance
III.7.2. Modalités évolutives
III.8. Traitement
III.8.1. Traitement médical
III.8.1.1. La suppression des facteurs de risque cardio-vasculaires
III.8.1.2. Médicaments antithrombotiques
III.8.1.3. Traitement médical de l’ischémie
III.8.1.4. Traitement adjuvant
III.8.2. Traitement endovasculaire
III.8.3. La chirurgie
III.8.3.1. Revascularisation chirurgicale
III.8.3.2. Les méthodes hyperémiantes
III.8.3.3. Les amputations
III.8.4. Indications thérapeutiques
III.8.4.1. AOMI asymptomatique
III.8.4.2. Claudication intermittente
III.8.4.3. Ischémie critique
III.8.5. Surveillance des patients traités
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. METHODOLOGIE
I.1. Cadre de l’étude
I.1.1. Le service de cardiologie du CHU Aristide Le Dante
I.1.2. Le service de dermatologie du CHU Aristide Le Dantec
I.1.3. Le service de médecine interne du CHU Aristide Le Dantec
I.1.4. L’hôpital Roi Baudouin de Guediawaye
I.2. Patients et méthodes
I.2.1. Type et période d’étude
I.2.2. Population d’étude
I.2.2.1. Critères d’inclusion
I.2.2.2. Critères de non inclusion
I.2.2.3. Echantillonnage
I.2.3. Variables étudiées
I.2.4. Ethique
I.2.5. Analyse statique
II. RESULTATS
II.1. Caractéristiques socio-démographiques
II.1.1. Le sexe
II.1.2. L’âge
II.1.3. La zone de résidence
II.1.4. Niveau de scolarisation
II.1.5. Niveau socio-économique
II.2. Données cliniques et paracliniques
II.2.1. Clinique .
II.2.1.1. Circonstances de découverte de l’infection à VIH
II.2.1.2. Signes cardio-vasculaires
II.2.1.3. Examen des autres appareils
II.2.1.4. Classification clinique de CDC et de l’OMS
II.2.2. Données biologiques
II.2.2.1. Virologie
II.2.2.2. Immunologie
II.2.3. L’électrocardiogramme
II.2.4. L’échocardiogramme
II.3. Traitement antirétroviral
II.4. Les facteurs de risque cardio-vasculaire
II.4.1. Les antécédents cardio-vasculaires
II.4.2. . La ménopause
II.4.3. La sédentarité
II.4.4. Le stress
II.4.5. Le tabagisme
II.4.6. L’éthylisme
II.4.7. L’obésité
II.4.7.1. Obésité mixte
II.4.7.2. Obésité abdominale
II.4.8. L’HTA
II.4.9. Le diabète
II.4.. La dyslipidémie
II.4..1.La cholestérolémie totale
II.4..2.Le LDL-cholestérol (LDL-c)
II.4..3.Le HDL-cholestérol (HDL-c)
II.4..4.La triglycéridémie
II.4..5.L’indice d’athérogénicité
II.5. Le niveau de risque cardio-vasculaire global
II.6. L’IPS
II.6.1. IPS et facteurs de risque cardio-vasculaire
II.6.2. IPS et niveau de risque cardio-vasculaire global
II.6.3. IPS et VIH .
III. DISCUSSION
III.1. Limites
III.2. Résultats
III.2.1. Données socio-démographiques
III.2.2. Données cliniques et paracliniques
III.2.2.1. Clinique
III.2.2.2. Paraclinique
III.2.3. la mesure de l’indice de pression systolique
III.2.4. AOMI et VIH

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