POSITIONNEMENT EPISTEMOLOGIQUE

POSITIONNEMENT EPISTEMOLOGIQUE

Notre recherche fait appel à deux processus: explorer, à travers des entretiens, dans une démarche abductive et tester, à travers un questionnaire, dans une démarche déductive. A partir de l’observation des faits empiriques au travers des entretiens semi-directifs, nous proposons des explications conjecturales que nous testons auprès d’un échantillon plus large de cadres à temps partiel afin d’avancer des conclusions explicatives. Alors que l’induction est une inférence logique qui, à travers l’observation d’une relation sur un certain nombre d’exemples concrets, conÎere à cette relation une constance à priori (la transforme en loi), l’abduction conÎere à la découverte un statut explicatif et compréhensif qui, pour tendre vers une règle ou une loi, nécessite d’être testé (Koenig, 1993, Charreire et Durieux, 1999, David, Hatchuel et Laufer, 2000). En sciences de gestion, les connaissances procèdent entre autres, d’une boucle récursive « abduction/déduction/induction» et non de la seule démarche hypothético-déductive (David, Hatchuel et Laufer, 2000). Le raisonnement scientifique qui sous tend notre recherche combine abduction et déduction et articule deux phases complémentaires. • La première phase est abductive et découle du très faible nombre de recherches sur les cadres à temps partiel. Nous avons cherché au travers d’une vingtaine d’entretiens semi-directifs, à mieux identifier les dimensions personnelles et organisationnelles autour desquelles se construit l’exercice du temps partiel chez les cadres. En cela, nous nous situons dans une logique de mise en ordre du matériau empirique, qui consiste à tirer de l’observation des explications, des conjectures que nous avons par la suite décidé de tester dans un contexte spatio-temporel différent. Nous avons mis en œuvre un processus d’induction non démonstratif que l’on peut qualifier d’abductij. Koenig (1993) le définit en ces termes : «L’abduction est l’opération qui, n’appartenant pas à la logique, permet d’échapper à la perception chaotique que l’on a du monde réel par un essai de conjecture sur les relations qu’entretiennent effectivement les choses. Alors que l’induction vise à dégager de l’observation des réalités indiscutables, l’abduction consiste à tirer de l’observation des conjectures qu’il convient ensuite de tester et de discuter. » Les hypothèses explicatives ont été construites par abduction à l’issue de cette phase d’entretiens pour rendre compte du rôle joué par le contexte immédiat de travail et par les apports des activités hors travail sur le rapport au travail, les modes d’ajustement et l’implication au travail des cadres à temps partiel. Les conjectures exprimées à l’issue de cette phase étaient cohérentes avec les autres recherches anglo-saxonnes ménées sur les cadres à temps partiel. Nous devons préciser ici que les liens de causalité supposés relèvent d’un déterminisme souple. En effet, même si l’action du salarié est contrainte par les structures sociales et organisationnelles, une partie demeure le résultat de sa volonté propre. C’est la raison pour laquelle les conjectures (hypothèses explicatives de travail) exprimeront plutôt la notion d’influence que celle de détermination. • La seconde phase est déductive. Les conjectures émises dans la première phase vont constituer le point de départ du processus de test, à travers la passation d’un questionnaire. Au sein de cette approche, nous avons mis à l’épreuve ces conjectures dans le but de les vérifier mais aussi de les préciser, de les expliciter. Ces conjectures supposent l’inDuence exercée par les éléments de l’environnement immédiat de travail et les apports des activités hors travail sur le rapport au travail, les modes d’ajustement et l’implication au travail des cadres à temps partiel. Cette recherche ne répond pas à un objectif d’observation sans présupposés. Nous ne nous sommes pas présentés devant le terrain démunis de toute connaissance à son égard. Nous nous sommes appuyés dans les deux phases, abductive et déductive, sur un corpus théorique qui nous a guidé à la fois dans l’élaboration du guide d’entretien semi-directif, dans l’élaboration du modèle de recherche et des conjectures et pour finir dans l’opérationnalisation des concepts utilisés dans le questionnaire. Toute recherche doit préciser son positionnement paradigmatique. Le débat autour de la nature du réel connaissable voit s’opposer une hypothèse ontologique (principe essentiel du paradigme positiviste) et une hypothèse phénoménologique (principe essentiel des paradigmes interprétativistes et constructivistes) (Girod Seville et Perret, 1999). Pour les positivistes, la réalité existe en soi. Le monde existe indépendamment de la personne qui l’étudie. De plus, contrairement à l’hypothèse phénoménologique, l’observateur ne modifie pas par ses actes la nature de son objet de recherche. Le but de la démarche scientifique est de révéler l’ordre régissant le monde. Cette logique de mise à jour amène le chercheur à faire émerger des lois qui, selon les critères de vérité retenus pour les évaluer, auront un caractère universel plus ou moins marqué. Elles s’imposent aux individus dans l’action selon un schéma plus ou moins déterministe. La connaissance produite par les positivistes est objective et acontextuelle car elle correspond à la mise à jour de lois, d’une réalité immuable, extérieure à l’individu et indépendante du contexte d’interactions des acteurs.

PHASE QUALITATIVE: METHODOLOGIE ET DEROULEMENT DES ENTRETIENS

Comme nous l’avons expliqué dans le chapitre précédent, les entretiens de la phase qualitative ont été menés auprès de huit hommes et douze femmes cadres à temps partiel de six grandes entreprises entre mars 1998 et octobre 1998. Les entreprises appartiennent respectivement aux six secteurs d’activité suivants: production d’électricité, construction automobile, industrie pétrolière, télécommunications, banque, fabrication d’instruments de mesure et de contrôle. L’une d’entre elles est située en province, les cinq autres sont situées en région parisienne. Un des biais de cette phase qualitative est constitué par le fait que les personnes interrogées ont été choisies par les responsables des Ressources Humaines contactés pour cette recherche. Cependant, la variété des profils sociologiques, des profils professionnels et des formules de temps partiel de cet échantillon contribue à la diversité et à l’intérêt des termes abordés lors de ces entretiens. D’après Ghiglione et Matalon (1988) (p :50), «l’expérience montre que, pour les thèmes habituellement abordés par des méthodes non directives, il est rare que l’on voie apparaître des informations nouvelles après le vingtième ou trentième interview Si l’on attend des entretiens libres un rescensement des thèmes, une typologie et des indications sur le vocabulaire utilisé en vue de la conception d’une enquête systématique par questionnaire, vingt entretiens suffiront en général largement, les suivants ne faisant que confirmer ce qu’aura apporté l’analyse des premiers. » Problématique et méthodologie Chapitre 4 Les profils des cadres interviewés sont présentés dans le tableau 4-2. 

LE DEROULEMENT DES ENTRETIENS 

La technique d’entretien utilisée était celle de l’entretien semi-directif dans le but d’explorer et de préparer l’enquête par questionnaire. Le faible nombre de recherches sur les cadres à temps partiel nous a conduit à privilégier dans une première phase l’enquête par entretien: «L’entretien s’impose chaquefois que l’on ignore le monde de références ou que l’on ne veutpas décider à priori du système de cohérence interne des informations recherchées… L’entretien n’exige pas de classement à priori des éléments determinants …. Il fait apparaître les processus et les comment L’entretien révèle la logique d’une action, son principe de fonctionnement ….. Il déroule le cours des choses, propose les éléments contenus dans les phénomènes étudiés, leurs composants, les rationalités propres aux acteurs, celles à partir desquelles ils se meuvent dans un espace social … » (Blanchet et Gotman, 1992) Un guide semi-directif a été élaboré à partir des rares travaux académiques et des recherches plus « ordinaires »sur les cadres à temps partiel . Ce guide, présenté en annexe, est organisé autour de plusieurs axes thématiques et nous a permis de structurer les entretiens. Le tableau qui suit présente les caractéristiques des cadres interviewés.

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