LES RISQUES ET LES PERSPECTIVES DE LA MONDIALISATION POUR MADAGASCAR

LES RISQUES ET LES PERSPECTIVES DE LA MONDIALISATION POUR MADAGASCAR

L’environnement global des pays en développement endettés, fait que Madagascar reste tributaire des pays riches créanciers, ceux là même qui véhiculent aujourd’hui la doctrine nouvelle de la mondialisation. Compte tenu des difficultés auxquelles le pays est confronté, il est contraint de tirer profit des possibilités de coopération à travers les opportunités que peuvent apporter les investisseurs étrangers, donc d’accélération de la croissance économique. Cependant, les turbulences et les changements que provoque partout le phénomène de la mondialisation, nécessitent des capacités institutionnelles, entrepreneuriales et d’ouverture qui devraient être fortement renforcées à Madagascar, tant au niveau de l’Etat, du secteur privé que la société civile. En effet, d’un côté, la mondialisation peut favoriser le développement de certaines branches ou filières chez les opérateurs qui disposent de capacité d’adaptation, d’innovation et d’anticipation de par l’existence de transfert de technologies (Internet, ordinateur, télécommunication, moyen de transport), de savoir faire et surtout d’apport de capitaux frais. Ces opportunités sont non négligeables si l’on se réfère aux taux de croissance enregistrés dans certaines branches :25,8% en 1996 et 15,4% en 1997 pour les télécommunications, 3,7% en 1996 et 3,9% en 1997 pour les matériels de transports. De plus, les pays a pu accueillir de nouvelles entreprises dans le cadre de la délocalisation des activités des pays développés vers les pays pauvres, il s’agit ainsi des branches confections ou informatiques (opération de saisie) et qui ont permis la création d’emplois, notamment à travers les zones franches, contribuant ainsi à résoudre le problème de chômage. Par ailleurs, grâce à la révolution technologique actuelle favorisant l’entrée dans la civilisation de l’information et à l’expansion des médias, l’accès instantané aux informations nationales et internationales constitue des atouts nécessaires à maîtriser, à exploiter et à développer pour mieux affronter la concurrence. De l’autre côté , étant de nouveau sous programme d’ajustement structurel depuis 1996, le pays est soumis à divers conditionnalités des institutions financières de Bretton Woods dans le but de libéraliser l’économie malgache et de l’ouvrir à l’extérieur. La création de l’OMC qui remplace le GATT, permet en théorie à tous les pays de profiter de la libre circulation et du libre-échange dans le commerce international. En fait, les petits pays ne peuvent pas toujours faire grande chose face à l’hégémonie des   multinationales, et des grandes puissances économiques. Madagascar a beau être premier producteur de vanille dans le monde, mais les rapports de forces font que le pays ne maîtrise pas le cours de ce produit. L’autre méfait de la libéralisation « sauvage », est la mise en péril de l’existence des forces des industries locales et donc de la sécurités des emplois face à la concurrence des produits importés favorisées parfois par une administration réputée laxiste. Ainsi, l’industrie textile a connu des taux de croissance négatifs de –45% en 1996 et de –0,3% en 1997, il en est de même pour l’industrie des corps gras avec des taux de –14,9% en 1996 et – 9% en 1997, pour l’agro-industrie respectivement de –2,6% et de –6,0% et pour l’industrie du papier de – 41,9% et –11% . ces situations mettent en relief l’importance de l’intérêt que les acteurs économiques doivent maintenant accorder à la restructuration du système de production malgache pour être compétitif et à la nécessité de conquérir les marchés extérieurs.  Même si une stratégie basée sur l’extraversion présente des limites, l’ouverture extérieure se révèle inéluctable pour le pays. Comme dans la majeure partie des PED l’adoption d’une stratégie de fermeture avec la politique d’import-substitution s’est soldée par un échec. Les différentes mesures de protection ont entraîné des distorsions sur l’ensemble de l’économie. Ces dernières ont déjà fait l’objet d’études spécifiques. COUSSY (1986) souligne que, dans un contexte de pénurie, la poursuite à la fois d’objectifs économiques (protection) et sociaux (couverture des besoins) qui étaient conflictuels engendraient des coûts et des effets pervers. L’étude de CERDI (1990) insiste sur la complexité du système d’incitation et de protection. Ce système n’avait pas de logique d’ensemble et est devenu ingérable. Ces conclusions ont notamment conduit le pays à libéraliser les échanges. Mais si les différentes études mettent en exergue les effets néfastes des politiques appliquées avant l’ouverture du pays, elles mettent en garde contre une stratégie ne reposant que sur les lois du marché, compte tenu du poids du passé (COUSSY, 1986). L’examen de l’évolution des caractéristiques du commerce extérieur aura pour objectif de dégager les atouts et les faiblesses de celui-ci. 

Une très faible ouverture de l’économie

Madagascar se caractérise par une faible ouverture vis-à-vis de l’extérieur. Le taux d’ouverture défini comme le ratio de la somme des exportations et des importations par rapport au PIB (en valeur) reste au dessous de 45% jusqu’en 1993. Si ce dernier monte à 55% en 1995, il reste faible comparé à ceux d’autres PED. A titre d’exemple, le taux d’ouverture de l’économie malgache est de 41% en 1992, alors qu’il est de 68% pour le Malawi, 51% pour le Kenya, 82% pour le Ghana, … L’impact des politiques extérieures successives apparaît de façon marquée lorsqu’on analyse l’évolution du taux d’ouverture. Une hausse de celui-ci peut être constatée de l’indépendance en 1960 à 1970. il passe en valeur de 25% à plus de 40%. Cette phase correspond à la période néo-libérale qui a suivi l’indépendance. L’inversion nette de cette tendance traduit la stratégie de repli du pays avec un taux autour de 35% (de 1973-1978). L’investissement à outrance (1979-1981) entraîne une remontée passagère de ce taux jusqu’à 45%. Cette progression est due essentiellement aux importations. Sous la contrainte de l’endettement de 1981 à 1986, le taux a connu une chute prononcée à moins de 30% . Le tournant amorcé depuis 1987 apparaît de manière effective avec une montée aussi bien du taux d’importation que du taux d’exportation. Malgré une certaine hésitation due à l’instabilité politique et aux difficultés de gérer les allocations de divises en 1992 et 1993, le taux d’ouverture en valeur passe de moins de 30% en 1986 à 55% en 1995. Les évolutions en volume sont moindres, mais elles vont dans le même sens. La progression plus importante en valeur résulte des mouvements du taux de change (dépréciation) accordant plus de poids aux biens échangeables3 par rapport aux non échangeables. Voyons maintenant le profil de la croissance économique de Madagascar. De l ‘indépendance à 1970, on a une croissance modeste de ; 1970 à 1980, une stagnation ; de 1980 à 1982, un brusque déclin. A la fin des années 80, une apparition d’une croissance économique réelle par habitant. Mais l’amélioration de la situation économique a été perturbée par les évènements de 1991. Le taux de croissance est 3 Exportations et importations 40 tombé à 0,1% entre 1991 et 1996. Pendant la période 1997-2001, le taux de croissance moyen de l’économie est de 4,3%. Si on compare l’évolution du taux d’ouverture de l’économie malgache et celle de la croissance économique, on peut dire que durant la période 1960-1970, le taux d’ouverture et la croissance économique évoluent dans le même sens (en hausse), même si la dernière évolue modestement. De 1973-1981, le taux d’ouverture passe de 35% à 45%. Pourtant, la croissance économique stagne. Depuis 1981, le taux d’ouverture est de 30% tandis que la croissance économique est en déclin. De 1986 à 1995, le taux d’ouverture passe de 30 à 55%. (le taux d’ouverture de croissance du PIB réel a progressé de 3,8% en 1988 et de 4,9% en 1989). Le taux de croissance du PIB passe de 2% durant cette période. Bref, suite à une augmentation du taux d’ouverture de l’économie, la croissance économique soit stagne, soit même en déclin, soit augmente mais dans une proportion moindre. Il n’y a donc pas une réelle corrélation positive entre le taux d’ouverture et le taux de croissance. L’évolution du taux d’exportation passe de près de 20% en 1970 à 10% en 1983, avant de remonter jusqu’à 32% en 1995. Le secteur exportateur a d’abord été laissé à l’abandon, puis a souffert des limitations d’importations d’intrants, avant d’être encouragé avec une politique affirmée de libéralisation et de promotion. L’analyse de ratios des échanges en volume rapportés au PIB en volume montre cependant qu’on est largement au-dessous des niveaux atteints au cours des années 60 ( plus de 60% en 1969 contre 45% à peine en 1995). La montée du taux d’ouverture à la suite de la libéralisation s’explique essentiellement par une hausse des prix relatifs des échangeables (exportations et importations) par rapport aux non-échangeables . Le croissance des échanges en volume reste limitée par rapport au PIB.

Un déficit chronique de la balance commerciale

Après la dégradation due à la forte montée du niveau des importations en 1979- 1980, l’équilibre est retrouvé en 1986. Ce résultat a cependant été obtenu au prix d’une forte chute des importations, le montant des exportations étant stagnant. La libéralisation effective des importations à partir de 1989 entraîne un nouveau dérapage puisqu’elle ne s’accompagne pas d’un progression équivalent des exportations. L’instauration du flottement en 1994, suivie d’une forte dépréciation du franc malgache, 41 permet une amélioration de la situation. La hausse des prix du café a également contribué à cette amélioration. On note une croissance des exportations en valeur tandis que les importations diminuent sensiblement . Mais cet équilibre reste apparemment passager puisque la nouvelle montée des importations en 1995 n’est pas suivie par les exportations. La balance commerciale de Madagascar est structurellement déficitaire pendant la période 1994-2000 à cause de la DDTE. De 154 Milliards Fmg en 1994, le déficit de la balance commerciale passe à 1770,8 Milliards en 1998 et reste à un niveau presque aussi élevé pour les années 1999 et 2000 (respectivement de 115,9 Millions et179,8 Millions DTS). La diminution des recettes d’exportations traditionnelles (vanille, café, girofle) et l’augmentation des importations de matières premières et de biens d’équipement et de consommation en sont les principales causes. En effet, cette diminution des recettes d’exportations provient du fait que ces produits traditionnels sont tributaires des perturbations climatiques (cyclone,…) et de l’évolution des cours mondiaux qui se traduit par l’irrégularité des entrées de devises. L’augmentation des importations s’explique par le fonctionnement de l’économie. En 2001 la balance commerciale est exceptionnellement positive, situation qui ne s’est pas produite durant des années. Les exportations ont dépassé les importations de 11,6 Millions de DTS. En 2002, elle est déficitaire de 90,5 Millions de DTS, mais ce solde est moindre par rapport à celui de 1999. En 2001, les exportations ont connu une hausse de 20,6% en terme de DTS. La flambée des prix de la vanille a largement contribué à cette appréciation de la valeur des exportations totales. Les exportations de l’année 2002 ont baissé de 50% par rapport à l’année précédente. Pour cette année, les importations n’ont connu qu’un accroissement de 5,6% .Le caractère structurel du déficit de la balance commerciale est dû principalement à la faiblesse des exportations

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