Lexique-grammaire et traduction 

   Lexique-grammaire et traduction 

Lors de la construction des tables du lexique-grammaire grec nous avons jugé utile de créer un corpus d’exemples illustrant les principales formes de phrases associées aux emplois verbaux correspondants. Ce travail nous a conduit, à son tour, à traduire les phrases élémentaires grecques en français. Dans ce chapitre, après un bref exposé de la notion d’équivalence dans la traduction, nous présenterons quelques observations qui mettent en valeur, d’une part, l’utilité des données linguistiques lors de l’opération traductionnelle et d’autre part, les perspectives d’application de ces dernières dans le domaine de la traduction « humaine » et « automatique ». La pratique de la traduction est établie depuis très longtemps et nous devons remonter au 4e siècle ap. J-C pour retrouver les premières traces écrites de traduction par Cicéron et Horace. Pourtant, l’étude de la traduction en tant que discipline date de la seconde moitié du 20e siècle. Jusqu’aux années 60, les principaux courants qui influençaient la pratique traductionnelle étaient la traduction libre et la traduction littérale. Depuis, de nouvelles approches vont au-delà de ces deux notions qui avaient enlisé le débat sur la traduction. Au lieu d’essayer de résoudre des problèmes philosophiques portant sur la nature du sens, les théoriciens de la traduction se préoccupent davantage de la façon dont le sens se transmet d’une langue à l’autre. Les théories mises en avant dans les années 70 ont ainsi ouvert la voie à de nouvelles conceptions pour aborder les problèmes de traduction. Ces nouvelles approches de la traduction introduisent un débat qui s’est poursuivi pendant des décennies et qui se poursuit toujours (1978) et de Lefevere (1992), ainsi que ceux de Catford (1965) et de Toury (1980), sont à la base de la théorie de l’équivalence telle qu’elle est appliquée aujourd’hui. James Holmes (1970) propose quatre types de traduction qui conservent une relation différente avec l’original pour ce qui est de la forme, de la fonction et du sens.

Eugene Nida (1969) postule que « traduire consiste à produire dans la langue d’arrivée le plus proche équivalent naturel du message de la langue de départ, en premier lieu sur le plan du sens et en second lieu sur le plan du style » ; Catford (1965) postule que la traduction pourrait être définie comme « le remplacement de matériaux textuels d’une langue par des matériaux équivalents dans une autre langue » et Greimas-Courtès (1993) entendent par traduction « l’activité cognitive qui opère le passage d’un énoncé donné en un autre énoncé considéré comme équivalent ». Dans toutes ces définitions de la traduction, nous voyons que le terme équivalence se rapporte à une situation ou à un élément équivalent sur le plan du discours et non pas sur le plan de la langue. Il convient d’insister sur le fait que l’équivalence est un concept appartenant au domaine de la traductologie. La linguistique contrastive, qui se rapporte à la langue en tant que système, reconnaît le concept de correspondance. Ce concept est utilisé pour décrire des phrases et des structures qui correspondent dans la langue de départ et dans la langue d’arrivée. En revanche, l’équivalence concerne plutôt le degré auquel un mot, une phrase, voire un texte peut être considéré, dans la langue et la culture réceptrice, comme l’équivalent du texte de départ. Les premiers débats autour de l’équivalence dans le domaine de la traductologie cherchaient à comprendre ce qui devait être équivalent : les mots, les phrases, les parties de texte ou le texte en entier. En effet, les types d’équivalence définis sont assez nombreux1 et ils se placent sur des plans différents : sémantique, grammatical, extra-linguistique, etc.

Goutsos (2001) souligne que l’équivalence dans la traduction est déterminée par des facteurs divers, qui sont souvent en confrontation, telles que les possibilités ou les contraintes imposées par les propriétés formelles de la langue source et de la langue cible, la différente conception de la réalité extra-linguistique et les différentes façons de représentation de cette réalité dans chaque langue, les propriétés stylistiques de chaque langue. Ainsi, l’équivalence formelle (ou textuelle ou syntagmatique ou structurelle) est employée pour reproduire le plus littéralement possible, dans le texte d’arrivée, la forme et le contenu du texte de départ. Il faut souligner que la notion de littéralité est différente de celle de mot à mot. Il y a littéralité lorsque l’on conserve la structuration morphosyntaxique et lexicale du texte original tout en respectant l’idiome d’arrivée. Pour reprendre le terme de Seleskovitch, la littéralité est le résultat d’une opération de transcodage. Elle n’est donc pas incompatible avec des modifications profondes dans les structures morphosyntaxiques (passivation, changement des actants, etc.), lorsqu’elles sont commandées par la langue d’arrivée. Selon Sager (1994), « la traduction littérale cherche à conserver le plus haut degré d’équivalence formelle au niveau des mots, des locutions, des propositions et des arguments ; elle est habituellement associée avec la définition d’unités de traduction plus petites et un concept d’équivalence plus étroit ».

 

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