L’EXTREMITE STERNALE DE LA QUATRIEME CÔTE
DROITE CHEZ L’ADULTE

INTRODUCTION

 L’étude de l’estimation de l’âge au moment du décès du squelette humain rentre dans le cadre de l’anthropologie médico-légale qui est une branche appliquée de l’anthropologie biologique et une partie active de la médecine légale [7]. Des avancées énormes ont été faites sur cette question à travers le monde ; mais elle reste cependant très complexe et constitue un véritable challenge pour les chercheurs légistes. Une approche macroscopique basée sur la description anatomique de certains constituants du squelette humain a permis d’établir différentes méthodes pour l’estimation de l’âge au moment du décès parmi lesquelles [17] : la méthode de la symphyse pubienne de Suchey-Brook (SB), la méthode de la surface auriculaire de Lovejoy, la méthode des dents mono-radiculaires de Lamendin (LM) et la méthode de Isçan avec l’extrémité sternale de la quatrième côte droite [13]. L’intérêt de la recherche sur ces méthodes macroscopiques est souvent discuté [13]. Certains auteurs estiment que les indicateurs microscopiques dentaires et osseux ainsi que l’identification par l’ADN demeurent plus perfectionnés et plus fiables [13,5]. Toutefois il reste certain que les méthodes macroscopiques sont plus rapides pour fournir des informations préliminaires s’agissant de vestige humain inconnu [17]. De plus elles sont plus reproductibles et accessibles pour nos contrées car elles nécessitent moins de ressources technologiques biologiques avancées, leur technique reposant essentiellement sur les notions de base en ostéologie humaine. Elles valorisent ainsi cette branche de l’anatomie qui est l’ostéologie humaine dans le système médico-légal. L’association entre l’âge au moment du décès et certaines caractéristiques morphologiques de l’extrémité sternale de la quatrième côte est déjà prouvée par plusieurs études [17]. D’autres travaux plus complexes ont abouti à des conclusions divergentes concernant la comparaison des résultats entre 2 l’application d’une méthode unique et celle de plusieurs méthodes associées dont celle de Isçan. Nous n’avons pas encore relevé dans la littérature une étude sur ce sujet en Afrique. L’objectif de notre étude est : d’évaluer la méthode d’analyse des composants (développée en alternative à la méthode de Isçan) chez des sujets mélanodermes africains et adultes ; et de déterminer le potentiel maximal de cette méthode dans un groupe d’âge particulier, en faisant une comparaison de nos résultats à travers les tranches d’âge suivantes et à plus de 46 ans. 

RAPPELS  

Lorsque les éléments humains à examiner n’ont pas d’identité supposée (lors de catastrophe naturelle ou de guerre), le but est de fournir aux enquêteurs le plus possible d’éléments ayant valeur d’identifiants (sexe, race, taille et âge), afin de leur permettre d’établir une liste contenant le moins possible d’individus disparus. L’âge est le critère le plus difficile à déterminer. Le degré de difficulté dépend des circonstances, c’est-à-dire de la nature des os disponibles (os manquants ou inutilisables car dégradés par le feu, ou leur ancienneté), mais aussi de la tranche d’âge à laquelle appartient l’individu [1]. Il existe plusieurs méthodes parmi lesquelles nous pouvons citer : – la méthode de l’extrémité sternale de la 4ème côte droite dont celle de Içcan ; – la méthode d’analyse des composants ; – la méthode de la symphyse pubienne de Suchey et Brooks ; – la méthode de la surface auriculaire de l’ilium avec celle de Lovejoy ; – la méthode de la fermeture des sutures crâniennes ; – les méthodes dentaires avec celle de Lamendin ; – la méthode TSS (two step strategy); – les méthodes histologiques ; – Autres méthodes. Les méthodes macroscopiques d’estimation de l’âge au décès des individus adultes se basent surtout sur des indicateurs de la sénescence, exception faite de la synostose des sutures crâniennes et de la modification de la symphyse pubienne qui s’apparentent, en partie, à des processus de maturation osseuse [16]. Dans cette première partie de notre travail, nous allons faire un rappel anatomique sur les côtes, puis un rappel historique sur la méthode macroscopique d’estimation de l’âge au décès à partir de la 4ème côte qui concerne notre étude. 

ANATOMIE DES CÔTES

GENERALITES

 Les côtes (du latin costae) sont des os plats, pairs, très allongés et en forme d’arcs à concavité interne. Elles limitent latéralement le thorax et constituent le « gril costal ». Elles s’articulent en arrière avec le rachis et en avant se prolongent par les cartilages costaux [11] sauf les 2 dernières côtes.

 Rappel du développement des côtes 

Les côtes se développent par un point d’ossification primitif et trois complémentaires. Les ébauches cartilagineuses commencent à s’ossifier vers la fin du 2ème mois de vie embryonnaire, avec l’apparition du point primitif et suivant une direction dorso-ventrale [14]. L’ossification débute par les côtes moyennes et s’étend ensuite vers les premières et dernières côtes (Champagne et Teissandier). A la fin du 4ème mois de vie fœtale se produit un arrêt de l’ossification, et la portion ventrale reste à l’état de cartilage. Les trois points complémentaires forment les deux saillies de la tubérosité et la facette articulaire de la tête. Ils se développent vers la 16ème année 

Classification 

Les côtes sont au nombre de 12 de chaque côté. Elles sont désignées sous le nom de première, deuxième, troisième, etc., en allant de haut en bas (Fig.1). Les 12 paires de côtes sont réparties en 3 groupes [11] : – les vraies côtes : les 7 premières ou côtes sternales, s’articulent, chacune, avec le sternum par l’intermédiaire d’un cartilage costal ; 6 – les fausses côtes : les suivantes (8ème, 9ème et 10ème côtes), ne s’articulent avec le sternum que par le 7ème cartilage costal, sur lequel se terminent les 3 cartilages costaux sous-jacents ; – les côtes flottantes : les 2 dernières (11ème et 12ème côtes) n’ont aucun contact avec le sternum ; leur extrémité antérieure est libre. 

ANATOMIE DESCRIPTIVE DES CÔTES

 CARACTERES GENERAUX DES CÔTES 

 Les côtes, sont obliques en bas et en avant, cette obliquité augmentant de la 1ère à la 12ème côte. Elles décrivent une courbe concave en dedans mais cette courbe n’est pas régulière.

Dimensions La largeur varie entre 10 et 20 mm. La longueur augmente de la 1ère à la 7ème et décroit de la 7ème à la 12ème .

Courbures 

Les côtes, sauf les 2 premières et les 2 dernières, présentent 3 courbures : La courbure d’enroulement, ou courbure selon les faces Elle se développe selon un rayon croissant d’arrière en avant, déterminant la convexité externe du gril costal (Fig.2). En fait, cette courbure est irrégulière, chaque côte présentant 3 segments séparés par 2 angles : – le segment para-vertébral, postérieur, oblique latéralement en bas et un peu en arrière, – l’angle postérieur, en regard du sommet de l’apophyse transverse, – le segment latéral, oblique en bas et en avant, – l’angle antérieur, moins saillant que l’angle postérieur, – et le segment antérieur, oblique en avant et vers la ligne médiane. La courbure selon les bords Le segment postérieur est plus haut situé que le segment latéral, lui-même plus haut situé que le segment antérieur (Fig.3). 9 La courbure axiale Elle est encore appelée courbure de torsion, selon l’axe de la côte regardant : – en bas et en arrière, dans le segment postérieur, – en dehors dans le segment latéral, – en haut et en avant, dans le segment antérieur