Regards croisés sur l’économie des pays émergents

Regards croisés sur l’économie des pays émergents

Quel monde en 2025 ?

Le rapport1 commenté ici propose une analyse des grandes tendances économiques, politiques et énergétiques des prochaines années dans les pays émergents. Cette analyse revêt une importance cruciale, en particulier pour l’orientation ou la réorientation de la politique extérieure de l’Union européenne. Il n’existe pas de système politique international, mais un système économique international, ce qui a des conséquences en termes de sécurité, car la mondialisation est un élément structurant des relations politiques. En particulier, l’accroissement de la richesse mondiale et du commerce mondial a généré une multipolarité économique dont l’Inde et la Chine sont les moteurs. En 2025, les économies asiatiques représenteront 38% des échanges mondiaux, pratiquement à égalité avec les pays de la zone OCDE. Néanmoins, la mondialisation n’est ni globale ni mondiale. Elle ne concerne ni l’ensemble des pays ni, à l’intérieur de chacun des pays, toutes les catégories sociales. Il existe des exclus de la mondialisation, le différentiel de richesses s’accroissant entre les pays et au sein des pays. Au niveau international, cette tendance se traduit par un mouvement anti-occidentaliste, car la mondialisation est perçue de manière négative par les non intégrés, même si le nombre de pauvres dans le monde a baissé considérablement en deux décennies. Un autre problème provient de l’accroissement de la demande pour les énergies fossiles, en particulier en Asie. Cette modification de la donne géostratégique génère des problèmes en termes de réserves, mais aussi en termes d’accès. La part de l’occident dans le monde se réduit aussi d’un point de vue démographique. En 2025, les pays occidentaux représenteront 8% de la population mondiale, contre 20% au XIXe siècle. La population occidentale vieillit aussi davantage que celle du reste du monde. Sur le plan de la sécurité, la Chine et l’Inde seront amenées à devenir des puissances politiques, avec un rôle possible sur la régulation au niveau international. Pour ce qui concerne la Russie, l’Afrique et la zone musulmane, la question est désormais de savoir si ces régions rentreront ou non dans la mondialisation économique. A ce titre, les indicateurs donnent plutôt un signal négatif pour l’Afrique et le Moyen-Orient. Pour la Russie, les indicateurs sont nuancés

Le cas de la Chine

La croissance en Chine pose la question de sa soutenabilité, ce qui implique d’observer attentivement les variables relatives à l’environnement et à la démographie. Notons par exemple qu’en 2025, la Chine aura dépassé les Etats-Unis en termes de PIB, mais son PIB par habitant ne représentera que 25% de celui des Etats-Unis. La forte hausse de sa demande en pétrole ne peut pas être entièrement couverte par des ressources domestiques, et implique en particulier des importations depuis les pays du Golfe. Le développement chinois dépend donc aussi de la stabilité dans cette région. La pollution est aussi un enjeu majeur. Le coût lié aux différentes formes de pollution a été estimé à environ 10% du PIB chinois, et pourrait atteindre les 15%. La Chine devrait donc remplacer rapidement les Etats-Unis pour le statut de premier pollueur de la planète. Cette pollution engendre des pertes de terres arables, sachant qu’aujourd’hui un tiers du territoire chinois est déjà considéré comme aride. Dans le même temps, la population devrait atteindre un pic de 1.5 milliards d’habitants, ce qui va poser un problème de sécurité alimentaire. Les réfugiés environnementaux pourraient ainsi représenter une population de 30 millions de personnes dans les 20 ans à venir. Les besoins en énergie de la Chine sont considérables, les conséquences écologiques le sont également, c’est pourquoi il y a un grand intérêt à mettre en place un accord stratégique pour le développement des énergies renouvelables. Michel Fouquin et Françoise Lemoine 3. Qui sont les pays émergents ? Du terme « Tiers Monde » proposé par Alfred Sauvy, on est passé à la notion de Pays en Développement (PED). Plus récemment, les quatre dragons et cinq tigres en Asie ont obtenu l’appellation de Nouveaux Pays Industrialisés (NPI). La notion d’« émergence » est une notion financière, qui correspond à l’ouverture 10 Onze questions sur les grandes économies émergentes dans les années 1990 des marchés boursiers dans un certain nombre de pays en développement, favorisant ainsi le recours à l’investissement étranger. La capacité de rattrapage dépend de trois éléments fondamentaux : le niveau initial de développement économique, la croissance et enfin le niveau de participation aux échanges mondiaux. Si l’on regarde les données macro-économiques, on voit qu’il existe au moins autant de pays qui rattrapent que de pays qui n’opèrent aucun rattrapage. Si l’on considère quatre catégories de pays, on voit que ceux qui connaissent le plus grand gain en termes de croissance sur la période 1993-2004 sont ceux qui ont un revenu intermédiaire (inférieur ou supérieur) sur cette même période ; c’est le cas par exemple pour les émergents de l’Europe de l’Est. Il est possible de définir les « grands émergents » en fonction de deux critères : d’une part, un PIB dont le poids est supérieur à 1% du PIB mondial ; d’autre part, un faible niveau de revenu par tête même exprimé en parité de pouvoir d’achat comme dans les tableaux ci-contre. Brésil, Chine, Inde, Mexique et Russie répondent à ces deux critères en 1993 comme en 2004. Sur la période 1990- 2004, la Chine et l’Inde sont les deux grands pays qui progressent le plus en termes d’économie et d’échanges mondiaux. La Chine et l’Inde sont toutes deux devenues de grandes puissances économiques, mais leur PIB par habitant reste faible, et les salaires aussi. Ce sont les deux grands pays les plus pauvres qui ont gagné le plus de terrain. Sur le plan technologique, les deux pays ont aussi effectué des percées, mais il reste cependant une grande dépendance à l’égard des technologies étrangères. L’émergence de la Chine se traduit dans le commerce de produits manufacturés. L’Inde de son côté est le pays dont les exportations de services progressent le plus. L’émergence de ces deux géants dans les flux d’échanges internationaux a bien sûr un impact sur l’économie mondiale, et en particulier sur les rémunérations relatives des facteurs. 

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